Qu’il pleuve, de grâce ! Les terres sont assoiffées.

Dimanche 10 mars, dans l’après-midi, des prières ont été dites lors d’une procession conduite par le premier vicaire de la cathédrale de Perpignan. Les reliques de saint Gaudérique, patron des paysans catalans, conservées depuis le IXe siècle, ont été immergées dans la rivière Têt, à demi asséchée. C’est la deuxième année consécutive que l’Église locale renoue avec cette tradition antédiluvienne. L’an dernier, le ciel n’y a pas été insensible : il a plu à seaux dès 19 heures. Cette fois, malheureusement, la météo annonçait un soleil désespérant pour les jours à venir.

Les agriculteurs du Roussillon ne savent plus à quel saint se vouer. Il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints, dit le proverbe. Mais les proverbes ne sont pas parole d’évangile ! L’efficacité des intercesseurs a été maintes fois démontrée. À défaut de posséder des pouvoirs magiques, ces milliers de défunts canonisés par l’Église catholique passent pour de bons avocats auprès du Maître de toutes choses.

Encore faut-il bien choisir l’intercesseur, car les demandes des fidèles sont contradictoires. Pour qu’il pleuve, des agriculteurs s’adressent parfois à saint Herbert, saint Isidore ou sainte Solange, alors que des directeurs de camping seraient enclins à solliciter saint Nestor, par exemple, pour qu’il fasse soleil. Ce martyr du iiie siècle, crucifié en Turquie, avait poussé la bonté jusqu’à implorer Dieu de faire cesser la pluie afin que ses bourreaux ne soient pas mouillés. Dommage qu’un saint de cette trempe ne puisse être invoqué pour amener le ciel à pleurer ! 

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