On a ressorti les cartables. Qu’en aurait dit Ivan Illich, qui plaidait en 1971 pour Une société sans école (Seuil) ? Après avoir été curé d’une paroisse new-yorkaise, puis vice-recteur de l’université de Porto Rico, ce défenseur de l’écologie et de la décroissance avait élu domicile dans un village du Mexique. Il était d’autant plus audible qu’il mettait ses idées en pratique.

Les institutions, soulignait-il, sont contre-productives quand elles dépassent un certain seuil : l’école enlève à l’élève l’envie et la capacité d’apprendre ; l’hôpital crée plus de maladies qu’il n’en soigne ; les autoroutes entravent le cyclisme et la marche à pied…

« L’école, écrivait Illich, est l’agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu’elle est. » Le système scolaire obligatoire n’assure pas la justice sociale et donne l’illusion que l’essentiel de l’éducation vient de l’enseignement. Il faut déscolariser la société et organiser une banque d’échanges de savoir-faire dans tous les secteurs d’activité.

On a pas mal débattu des idées d’Illich, on s’en est même un tout petit peu inspiré, avant de passer à autre chose. Il faut dire que c’était dans un autre siècle, avant l’invasion des écrans, des smartphones et des réseaux sociaux. 

Ces derniers mois, confinés en famille, beaucoup de parents épuisés ou dépassés ont redécouvert les vertus du système scolaire : permettre à leurs enfants de s’instruire de manière structurée, d’apprendre la vie collective, la différence, le partage, une certaine discipline, un début de citoyenneté… et, à eux-mêmes, de retrouver du temps pour leur travail ou d’autres activités. Vivement le retour en classe ! Pas de société sans école. 

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