S’il est « élu Premier ministre » (comme cela se dit en mélenchonien), le chef de la France insoumise se soumettra-t-il à la présence du drapeau européen ? Ce cercle de douze étoiles d’or sur fond bleu semble inspiré d’une médaille miraculeuse de la Vierge. Le peintre qui en a réalisé la maquette finale, un certain Arsène Heitz, fonctionnaire au Conseil de l’Europe, passait pour une grenouille de bénitier. Le 20 juillet 2017, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon avait lancé avec énervement : « On est obligé de supporter ça ? C’est la République française ici, pas la Vierge Marie. »

Ce drapeau a peut-être bénéficié d’une inspiration divine, mais toujours est-il que son accouchement a été laborieux. On se trouvait devant une centaine de propositions : un grand E, un triangle, une croix, un soleil, des cercles enchevêtrés… Finalement, une couronne d’étoiles a été choisie pour incarner l’union des peuples et, si l’on veut, la dimension cosmique de leurs espérances. Contrairement à la bannière américaine, ce drapeau ne compte pas autant d’étoiles que d’États membres : douze, chiffre parfait, dispense d’une rectification à chaque nouvelle adhésion… ou exit.

Un drapeau ne suffisant pas, l’Union européenne s’est donné un hymne officiel, tiré du dernier mouvement de la 9e symphonie de Beethoven. Emmanuel Macron n’a pas manqué de célébrer sa victoire au son de cette Ode à la joie, comme pour énerver un peu plus le Premier ministre présomptif. Encore heureux qu’il s’agisse d’une musique sans paroles. S’il fallait, de surcroît, se disputer sur chaque couplet… L’entre-trois-tours, nourri de polémiques, et d’autant de fausses notes, nous offre suffisamment de joyeusetés ! 

Illustration JOCHEN GERNER

Vous avez aimé ? Partagez-le !