Vérité et réparation
Blessée au Grand Véfour à Paris en 1983, elle fonde SOS Attentats trois ans plus tard. Jusqu’à son décès en mai dernier, elle n’a cessé d’œuvrer à une meilleure reconnaissance des victimes du terrorisme. Elle est revenue sur ce combat dans Triple peine, paru en 2004. Extrait.Temps de lecture : 5 minutes
J’ai su très vite que la reconstruction après l’attentat ne passerait pas seulement par des soins et des indemnités. Il me semblait que le processus judiciaire, l’instruction puis le procès étaient des étapes essentielles pour en finir avec la hantise, les cauchemars. C’était une question de vérité et de réparation, de compréhension et de deuil à terminer. Je ne saurais dire d’où je tenais cette conviction. Sûrement pas de mon expérience puisqu’un grand silence avait entouré l’attentat du Grand Véfour. Mes études, mon amour du droit m’ont toujours fait considérer l’existence de règles collectives comme un grand bienfait des sociétés démocratiques. J’allais m’en convaincre encore davantage. […]
Je savais à quel point se retrouver dans l’enceinte d’un prétoire, face à des juges, des avocats, serait difficile. Je savais qu’entendre évoquer à nouveau les moments douloureux, affronter ceux qui avaient posé la bombe pourrait être traumatisant. Je savais que cette épreuve risquait de rouvrir provisoirement les peurs et les angoisses, la difficulté d’aller vers les autres. Je pressentais aussi que le procès avec sa conclusion formelle pourrait être la meilleure façon d’en finir.
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« Construire un récit choral, nourri par les mémoires individuelles »
Denis Peschanski
Francis Eustache
L'historien Denis Peschanski et le neuropsychologue Francis Eustache nous expliquent le rôle que le procès joue et va jouer pour les victimes et pour la société.
[Partie civile]
Robert Solé
À l’ouverture du procès hors norme du 13-Novembre, ils étaient déjà 1 800. Par la suite, quelque 700 autres rescapés, blessés ou proches des victimes se sont également constitués partie civile.
Un vaccin antiterrorisme ?
Sandrine Lefranc
Pour la politiste et sociologue Sandrine Lefranc, le procès du 13-Novembre ne devrait pas fondamentalement modifier notre lecture des attentats, faute d’être sorti des analyses caricaturales.