J’ai su très vite que la reconstruction après l’attentat ne passerait pas seulement par des soins et des indemnités. Il me semblait que le processus judiciaire, l’instruction puis le procès étaient des étapes essentielles pour en finir avec la hantise, les cauchemars. C’était une question de vérité et de réparation, de compréhension et de deuil à terminer. Je ne saurais dire d’où je tenais cette conviction. Sûrement pas de mon expérience puisqu’un grand silence avait entouré l’attentat du Grand Véfour. Mes études, mon amour du droit m’ont toujours fait considérer l’existence de règles collectives comme un grand bienfait des sociétés démocratiques. J’allais m’en convaincre encore davantage. […]

Je savais à quel point se retrouver dans l’enceinte d’un prétoire, face à des juges, des avocats, serait difficile. Je savais qu’entendre évoquer à nouveau les moments douloureux, affronter ceux qui avaient posé la bombe pourrait être traumatisant. Je savais que cette épreuve risquait de rouvrir provisoirement les peurs et les angoisses, la difficulté d’aller vers les autres. Je pressentais aussi que le procès avec sa conclusion formelle pourrait être la meilleure façon d’en finir.

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