Abel avait les faveurs de Dieu. C’était le cadet, et Dieu souvent préfère les humbles. Caïn le tua par jalousie. C’est le premier meurtre raconté dans la Genèse comme dans le Coran : l’histoire d’un crime et d’un châtiment. Les textes sacrés fixent des bornes à l’engrenage de la violence.

Raconte en toute vérité l’histoire des deux fils d’Adam : 
ils offrirent chacun un sacrifice :
celui du premier fut agréé ;
celui de l’autre ne fut pas accepté ;
il dit alors
« Oui ! Je vais te tuer ! »

Le premier répondit : 
« Dieu n’agrée que les offrandes de ceux qui le craignent.
Si tu portes la main sur moi, pour me tuer
je ne porterai pas la main sur toi pour te tuer. 

Je crains Dieu, le Seigneur des mondes.
Je veux que tu prennes sur toi mon péché et ton péché,
et que tu sois au nombre des hôtes du Feu ».
– Telle est la rétribution des injustes –

Sa passion le poussa à tuer son frère ;
il le tua donc
et se trouva alors au nombre des perdants.

Dieu envoya un corbeau qui se mit à gratter la terre
pour lui montrer
comment cacher le cadavre de son frère.

Il dit : 
« Malheur à moi !
Suis-je incapable d’être comme ce corbeau
et de cacher le cadavre de mon frère ? »
– Il se trouva alors
   au nombre de ceux qui se repentent –

Voilà pourquoi nous avons prescrit aux fils d’Israël :
« Celui qui a tué un homme
qui lui-même n’a pas tué,
ou qui n’a pas commis de violence sur la terre,
est considéré comme s’il avait tué tous les hommes ;
et celui qui sauve un seul homme
est considéré comme s’il avait sauvé tous les hommes ».

Extrait de la sourate V (La table servie), Le Coran © Éditions Gallimard pour la traduction de Denise Masson, 1967

 

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