Les yeux crevés du vieil hôpital sucent mon âme jusqu’à l’os. Leur fausse charité fait de ces fenêtres noires des tableaux morts. Neuf heures du soir, l’instant où la province balaie les derniers anges qui traînent les rues et les envoie au diable. Une main glacée me pousse rue ­Combarel. L’automne aux joues couperosées se hâte dans les rues de Rodez. On ferme. On est chez soi, calé entre un bloc de fatigue et un bloc de lumière blanche. Dieu, s’il y tient tant, repassera demain quand les boutiques rouvriront. La rue Combarel est la rue d’enfance de Soulages. Je la vois dans les meilleures conditions : dans le froid insinueux, en noir – en deuil. Je découvre le reste des os des artisans qui la peuplaient. La poitrine ouverte d’un ancien garage. Les voitures sont montées au ciel, le

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