Paris, le 17 mars 1939

 

Ma belle Ella, mon Boitito,

mes copains vrais de vrais,

Deux mois plus tard, je vous écris. Je sais que vous allez dire comme d’habitude : quelle sale « chicua » ! Mais, croyez-moi, cette fois c’est la faute à ce coquin de sort. J’ai de puissantes explications à vous fournir : depuis que je suis arrivée, je suis dans la m… lasse. Mon exposition n’était pas prête. Mes tableaux m’attendaient tranquillement à la douane, vu que Breton n’était même pas allé les chercher. Vous n’avez pas idée du genre de vieux cafard qu’est Breton, et je pourrais en dire de même de presque tout le groupe des surréalistes. Pour faire court, ce sont des fils de… leur chère maman. Je vous raconterai en long et en large l’histoire de cette maudite exposition, mais j’attends que nous nous retrouvions nez à nez, parce que ça me prendra du temps et des larmes. En bref, je résume : il a fallu un mois et demi avant que n’arrive… et cetera, et cetera, la fameuse exposition. Et je vous passe les disputes, les bavardages, les ragots, les colèr

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