« Je ne suis pas malade. Je suis brisée. Mais je me sens heureuse de continuer à vivre, tant qu’il me sera possible de peindre » : ces quelques mots résument la vie de Frida Kahlo, assassinée par des blessures qui l’ont persécutée et détruite à petit feu. Si les couleurs inondent sa terre, sa maison, sa peinture, celles de sa vie sont ternies par la maladie et le handicap : elle aura subi pas moins de trente-deux interventions chirurgicales et porté, au cours de son existence, vingt-huit corsets orthopédiques en acier, cuir ou plâtre. Aussi apparaît-elle d’emblée comme une conquistadora, tirant sa force de sa vulnérabilité, qui va toujours jusqu’au bout, jusqu’au fond d’elle-même.

La peinture n’est pas chez elle une vocation précoce. Elle jaillit de ses plaies, de son sang, de ses tripes, de son intimité, de ses fantasmes. Elle est une sorte de confession en images, une manière de conjurer la mort : « Toutes ses désillusions, tous ses drames, cette immense souffrance qui se confond avec la vie de Frida, tout est exposé là, dans sa peinture, avec une impudeur tranquille et une indépendance d’esprit exceptionnelles », juge J.M.G. Le Clézio dans Diego et Frida. Plusieurs de ses tableaux contiennent des éléments surréels et fantastiques, mais, dans aucun d’entre eux, elle ne se détache jamais complètement de la réalité et de ses expériences concrètes. L’art est sa seule intégrité, sa révolte, son unique moyen de survivre à la déchéance de son corps, à ses interrogations angoissées. « L’art de Frida, disait André Breton, est un ruban nou

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