Campé comme un voyageur de passage, le barbare pille le sol, il l’exploite avec violence sans lui rendre en culture et en soins intelligents les richesses qu’il lui ravit ; il finit même par dévaster complétement la contrée qui lui sert de demeure et par la rendre inhabitable. La surface de la Terre offre de nombreux exemples de ces dévastations sans merci. En maints endroits l’homme a transformé sa patrie en un désert, et « l’herbe ne croît plus où il a posé ses pas ». Une grande partie de la Perse, la Mésopotamie, l’Idumée, diverses contrées de l’Asie Mineure et de l’Arabie, qui « découlaient de lait et de miel » et qui nourrissaient jadis une population très considérable, sont devenues presque entièrement stériles et habitées par de misérables tribus vivant de pillage et d’une agriculture rudimentaire. Peut-être le climat s’est-il réellement modifié par suite de grandes causes géologiques, ainsi que le pense M. Oscar Fraas ; mais l’homme a certainement sa forte part dans cette transformation des campagnes en désert. De nos jours ne voit-on pas que le Turc, propriétaire du sol et jouissant de loisir, aime les arbres et les fleurs, et sait distribuer avec grâce les massifs de ses jardins, tandis que les Grecs et les autres chrétiens d’Orient, longtemps asservis, ne se sont pas encore élevés jusqu’à l’amour de la nature, et l’épuisent sans merci ? « Qui tue un arbre, tue un Serbe », disaient les fiers Slaves des bords du Danube ; mais eux aussi travaillent à déboiser leur patrie. 

La Terre : description des phénomènes de la vie du globe, 1869

 

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