De nos jours, nous assistons selon Michel Serres, à un second procès de Galilée. Face à tous les pouvoirs assemblés, un autre scientifique également «prophétique » – mettons James Lovelock, ou Michael Mann ou David Keeling –, après avoir été condamné à garder le silence par tous ceux qui nient le comportement de la Terre, se met à murmurer pour lui-même : « Eppur si muove », mais cette fois-ci, en lui donnant un tour nouveau et quelque peu inquiétant : non pas « Et pourtant la Terre se meut », mais « Et pourtant la Terre s’émeut » ! « La science a conquis tous les droits, voici déjà trois siècles, en appelant à la Terre, qui répondit en se mouvant. Alors le prophète devint roi. À notre tour, nous faisons appel à une instance absente, lorsque nous nous écrions, comme Galilée, mais devant le tribunal de ses successeurs, anciens prophètes devenus rois : la Terre s’émeut. Se meut la Terre immémoriale, fixe, de nos conditions ou fondations vitales, la terre fondamentale tremble*. »

Vous avez aimé ? Partagez-le !