Préserver d’abord l’humanité
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Le changement climatique est une menace grave qui nécessite une mobilisation urgente, mais il n’est que l’un des symptômes des dégradations de notre environnement planétaire que provoquent nos modes de vie. Et la médecine nous a appris l’inefficacité des démarches qui consistent à ne traiter qu’un symptôme sans traiter la cause. Les dégradations de notre environnement ont aujourd’hui des effets négatifs majeurs sur la santé humaine – en termes de mort, de maladie et de handicap. La seule pollution de l’air provoque la mort de 8 millions de personnes par an. Sur le seul plan économique, chaque année, le coût des désastres humains et environnementaux causés par l’exploitation des énergies fossiles dépasse la totalité des dépenses publiques mondiales consacrées à la santé. Et il n’y a pas que la pollution de l’air et le changement climatique. Nos modes de vie provoquent aussi la pollution des sols, des nappes phréatiques et des océans, l’épuisement des sols et des réserves d’eau comme des ressources maritimes, l’érosion de la biodiversité et des écosystèmes et l’émergence chez l’homme de maladies infectieuses d’origine animale… Ces dégradations de l’environnement se produisent aux dépens des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables dans le monde, qui subissent déjà les tragédies quotidiennes de la sous-alimentation et des maladies infectieuses : aujourd’hui, 2 milliards de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire ; 1,5 milliard n’ont pas accès à l’eau potable ; 1 milliard, à des sanitaires ; 850 millions souffrent des maladies de la faim et de la dénutrition. L’an dernier, 3 millions d’enfants sont morts de faim, et 5 millions d’enfants de moins de 5 ans sont morts de maladies infectieuses pour lesquelles nous avons des vaccins et des médicaments qui auraient pu les guérir. À ces tragédies quotidiennes s’ajoutent les catastrophes écologiques, économiques, les guerres, et les drames de ceux qui essaient de fuir ces désastres et viennent mourir aux portes des pays riches.
Non seulement le mode de développement économique et social actuel dans le monde n’est pas durable pour les générations futures, mais il est aussi profondément inéquitable pour les générations présentes.
Il nous faut opérer un renversement de perspective : c’est l’humanité qui doit être au centre de nos préoccupations. Au lieu de focaliser nos efforts sur la seule lutte contre le changement climatique, il faut les consacrer à une démarche qui, en protégeant l’environnement, préserve d’abord l’humanité. Utiliser la menace du changement climatique comme un révélateur et un levier, non pas seulement pour prévenir des catastrophes à venir, mais pour répondre aux drames que l’on considère encore comme des fatalités. Faire de la préservation de la santé, de la lutte contre les inégalités, de l’éducation et de la justice sociale un objectif central, et l’intégrer dans les politiques économiques, sociales, et environnementales, au niveau national et international. C’est la démarche indiquée par les Objectifs de développement durable de l’ONU, l’OMS, les commissions santé mises en place et publiées par le journal médical The Lancet, le pape François… Nous pouvons tous y contribuer. Cela implique une transformation profonde de nos modes de vie et de nos sociétés. Mais c’est ainsi que nous pourrons construire un avenir commun à l’humanité.
« Paris doit être l’accord du XXIe siècle »
Pascal Canfin
Comme ministre du Développement, vous avez beaucoup œuvré pour que cette 21e conférence des parties de l’ONU soit un succès. Quels en sont les enjeux ?
Cette 21e COP doit nous mener au premier accord universel sur le climat…
Préserver d’abord l’humanité
Jean Claude Ameisen
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