Dans cet entre-deux marqué par les désillusions de la Libération et les prémices de ce qui va devenir la guerre froide, Camus réitère des idées forgées avant la guerre, celles d’un socialisme internationaliste et pacifiste, mais en les confrontant à la réalité des faits, celle de l’interdépendance croissante des hommes et des peuples. Face à ce que l’on ne nomme pas encore « mondialisation », il entend prendre date de l’accélération d’un monde qui s’évertue à régler des problèmes locaux de bornage d’un autre temps. C’est cette réalité des faits qui requiert d’autres outils d’analyse que ceux, aussi traditionnels qu’obsolètes, utilisés par les gouvernements nationaux.

Ce n’est pas à dire que les gouvernants ne sont pas conscients des mutations en cours, et Camus n’est certes pas le seul à les constater. Seulement, les solutions apportées ne sont pas les bonnes parce qu’elles demeurent tributaires des doctrines formées dans les siècles passés, celles du « libéralisme capitaliste » et du « socialisme dit scientifique », que Camus renvoie dos à dos. Et de fustiger ce condominium « russo-américain » sur la toute nouvelle Organisation des Nations unies, bien mal nommée. Ce que suggère, en effet, le droit de veto des membres permanents du Consei

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