C’était à Auschwitz, cinq ans après le génocide des Tutsis. Quittant le camp de la mort, Yolande, une rescapée, s’écriait : « De nos mains, avec nos machettes, nous avons fait mieux, et plus vite que l’Allemagne nazie, une puissance industrielle… » Plus vite, certainement : pour qu’un million de Tutsis puissent être assassinés en cent jours, il a fallu que tout le monde s’y mette. Les hommes, certes, mais aussi les femmes qui arrachaient les robes de leurs voisines, les enfants qui dénonçaient les « serpents » qu’ils avaient débusqués dans les hautes herbes ou dans les toitures. Dans les églises du Rwanda, on a même mutilé des vierges de plâtre, parce qu’elles ressemblaient aux Tutsis abhorrés, et les curés de paroisse, trébuchant sur les corps, ordonnaient : « Nettoyez-moi cette saleté. » Au Rwanda, les frontières de la na

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