Je participe pleinement à la nouvelle humeur nationale : je suis confiant et bienveillant. Je l’ai toujours été ! Si le persiflage enfle autour de moi, je me fais un devoir de le corriger en reconnaissant à chacun ses qualités. Si les médias m’accablent de mauvaises nouvelles sur le chômage et la croissance, je me dis que la France demeure après tout la cinquième puissance économique mondiale. Si les pays arabes ont oublié la promesse de leurs printemps, je me réjouis du bond en avant du continent africain. Si la menace du réchauffement climatique se précise, je reste convaincu que l’humanité saura trouver à temps les remèdes nécessaires. Bref, je n’aime pas trop passer pour un niais, mais je m’y fais. Je suis un indécrottable optimiste et je lis toujours avec tristesse la définition qu’en a donnée Flaubert : « Équivalent d’imbécile. » 

Et en même temps, je me sens tellement pessimiste ! Je passe mes journées à pester contre la terre entière car, à l’évidence, rien ne va. Je n’ai aucune confiance en la ponctualité des transports, ce qui me pousse à prendre des marges de sécurité considérables et à attendre ensuite des heures que « mon » train daigne partir. Je suis aussi conscient, au dernier degré, de la barbarie des hommes et du tragique de l’histoire. Mais à ce point, je redeviens curieusement optimiste. Car je sais, comme l’a dit Mark Twain, que la catastrophe qui finit par arriver n’est jamais celle à laquelle on s’est préparé ! 

 

Vous avez aimé ? Partagez-le !