Les députés français disposent d’un hémicycle, contrairement à leurs homologues britanniques qui sont répartis sur deux blocs se faisant face. Cela donne un demi-camembert dans lequel chaque groupe politique se distingue par une couleur. Nul besoin d’être docteur en mathématiques pour comprendre que l’équation rêvée (ou terriblement redoutée) est la suivante :

Majorité absolue = ¼ de camembert + un chouïa.

Pour la petite histoire, précisons que c’est un membre des états généraux de 1789 qui avait suggéré d’adopter cette sorte d’amphithéâtre, pour permettre de mieux s’entendre, mieux se voir et donc mieux se parler. Il s’appelait Joseph-Ignace Guillotin. Le même qui a donné son nom à une célèbre machine à décapitation devant rendre moins barbares les exécutions capitales. C’est également lui qui a mis en place le premier programme national de santé publique en France.

Ne manque-t-on pas de réformateurs de la trempe de Guillotin à l’heure où le demi-camembert se partage en trois ou quatre portions concurrentes ? Des commentateurs parlent de « Chambre introuvable ». À tort, parce que cette expression, employée pour la première fois sous le règne de Louis XVIII, désigne au contraire une majorité écrasante. En effet, l’assemblée constituée en 1815, au lendemain de la chute de Napoléon, ne comptait quasiment que des ultras, déchaînés contre les ex-« complices » du « tyran » corse. Le roi, qui la jugeait trop… royaliste, l’a dissoute dès l’année suivante.

Emmanuel Macron, lui, ne peut pas se plaindre d’une assemblée exagérément macroniste. Ce qui est introuvable, aujourd’hui, ce n’est pas la Chambre, mais la sortie de l’impasse dans laquelle le monde politique s’est retrouvé. Chacune des couleurs du demi-camembert va devoir s’adoucir sans se renier. Après tout, les fromages commencent à se montrer coulants quand ils sont faits. 

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