Si vous voulez gouverner, il va falloir couper la poire en deux.

– Hors de question ! Les principes ne se divisent pas.

– Qui vous parle de principes ? Ce sont des lignes budgétaires, des montants en euros qui doivent être fixés d’un commun accord. Toutes les avancées sociales sont nées de négociations dans lesquelles chaque camp a renoncé à une partie de ses exigences. Mais laissons tomber la poire… Disons que vous devriez mettre un peu d’eau dans votre vin.

– Pouah ! Quelle horreur ! Le vin, nous l’aimons corsé, charpenté, nerveux, généreux… 

– Sans concessions de part et d’autre, une discussion tourne au vinaigre.

– Mieux vaut vinaigre qu’eau tiède.

– Un compromis n’est pas nécessairement une demi-mesure. Entre le blanc et le noir, il n’y a pas que le gris…

– Non, pas de compromis ! Comme promis, tout le programme, rien que le programme.

– Avec cette logique du tout ou rien, vous êtes sûrs de ne pas gouverner. Il faut inévitablement composer.

– « Ose, oppose, expose, mais ne compose jamais. »

– C’est du Mélenchon ?

– Non, Hervé Bazin, dans Cri de la chouette… Mais pourquoi voulez-vous à tout prix que l’on renonce à nos idées et que l’on se renie ? 

– La société moderne est devenue si diverse, si complexe, que s’impose régulièrement un modus vivendi, un arrangement provisoire, permettant de vivre ensemble, en paix. Si on passe de la logique du « nous ou eux » à celle du « nous et eux », des solutions inattendues peuvent émerger.

– Assez de prêchi-prêcha ! À quoi servirait aujourd’hui votre fichu compromis ?

– Tout simplement, à ne pas compromettre l’avenir du pays. 

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