[Tout ou rien]
Temps de lecture : 2 minutes
Si vous voulez gouverner, il va falloir couper la poire en deux.
– Hors de question ! Les principes ne se divisent pas.
– Qui vous parle de principes ? Ce sont des lignes budgétaires, des montants en euros qui doivent être fixés d’un commun accord. Toutes les avancées sociales sont nées de négociations dans lesquelles chaque camp a renoncé à une partie de ses exigences. Mais laissons tomber la poire… Disons que vous devriez mettre un peu d’eau dans votre vin.
– Pouah ! Quelle horreur ! Le vin, nous l’aimons corsé, charpenté, nerveux, généreux…
– Sans concessions de part et d’autre, une discussion tourne au vinaigre.
– Mieux vaut vinaigre qu’eau tiède.
– Un compromis n’est pas nécessairement une demi-mesure. Entre le blanc et le noir, il n’y a pas que le gris…
– Non, pas de compromis ! Comme promis, tout le programme, rien que le programme.
– Avec cette logique du tout ou rien, vous êtes sûrs de ne pas gouverner. Il faut inévitablement composer.
– « Ose, oppose, expose, mais ne compose jamais. »
– C’est du Mélenchon ?
– Non, Hervé Bazin, dans Cri de la chouette… Mais pourquoi voulez-vous à tout prix que l’on renonce à nos idées et que l’on se renie ?
– La société moderne est devenue si diverse, si complexe, que s’impose régulièrement un modus vivendi, un arrangement provisoire, permettant de vivre ensemble, en paix. Si on passe de la logique du « nous ou eux » à celle du « nous et eux », des solutions inattendues peuvent émerger.
– Assez de prêchi-prêcha ! À quoi servirait aujourd’hui votre fichu compromis ?
– Tout simplement, à ne pas compromettre l’avenir du pays.
Un sport de combat
Laurent Berger
L’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger nous livre sa vision du compromis et revient sur le rôle que cette pratique a joué dans sa carrière et ses réalisations. Il s’agit selon lui d’une…
« Il faut accepter le principe du compromis, faute de quoi il ne peut pas y en avoir »
Dominique Schnapper
Rien, dans la Constitution, n’empêche le compromis, mais trop de politiques refusent d’en jouer le jeu », affirme la sociologue et politiste. Elle déplore les surenchères radicales qui empêchent toutes négociations constructives et vante, au contraire, les pratiques institutionnelles européennes,…