Jan Van Ruysbroeck, un admirable mystique flamand, pense que les éléments retrouveront leur état originel avec l’Apocalypse.

Enfin, l’eau redeviendra eau, l’air, air, la terre, terre. Mais, une fois l’homme disparu, qui louera la beauté du monde ? se demande Giorgio Caproni, poète italien du quotidien et du spirituel, simple et savant à la fois, comme l’est notre univers.   

 

                Ne tuez pas la mer,
la libellule, le vent.
N’étouffez pas le gémissement
(le chant !) du lamantin.
Le galagon, le pin :
l’homme est fait de cela aussi.
Et qui par vil profit
foudroie un poisson, un fleuve,
ne le faites pas chevalier
du mérite. L’amour
finit où l’herbe finit,
où l’herbe meurt. Où,
disparaissant, la forêt
et l’air vert, ceux qui restent
soupirent dans le toujours plus vaste
pays dévasté : « Comment
l’homme disparu,
la terre pourrait redevenir belle. »

Traduit de l’italien par Philippe Di Meo, revue Po&sie, no 109, 2004
Droits réservés

Vous avez aimé ? Partagez-le !