Va-t-on parler d’écologie au cours de cette campagne présidentielle ? Alors que l’environnement figure dans le tiercé de tête des préoccupations des Français, le sujet paraît quasi absent des débats jusqu’ici, sinon dans la bataille entre pro et antinucléaires. Bataille qu’Emmanuel Macron a d’ores et déjà souhaité trancher en annonçant à Belfort la construction de 6 à 14 EPR au cours des prochaines décennies – un choix certes majeur, qui engage le pays jusqu’à la fin du siècle, mais qui ne constitue pas l’alpha et l’oméga de la transition écologique, loin de là.

En retard sur ses engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris, la France doit encore drastiquement réduire ses émissions de gaz à effet de serre : entre 1990 et 2019, elle a fait la moitié du chemin, bien aidée par la désindustrialisation accélérée du pays. Il lui reste à faire le même effort, mais d’ici à 2030 cette fois. Une petite décennie au cours de laquelle il faudra accélérer la décarbonation de nos activités, dans les transports, le logement ou l’agriculture notamment – sans même parler des questions liées à la biodiversité et aux pollutions diverses. Comment mener une telle transformation ? À quel rythme ? Avec quels moyens ? Voilà les questions auxquelles il faudrait répondre, afin de dessiner un chemin compris et accepté de tous.

On aurait pu attendre que le scrutin présidentiel soit l’occasion de reprendre le débat

Or, c’est bien là où le bât blesse : alors même que les orientations de la transition écologique méritent un véritable débat public, ce dernier n’a jamais vraiment lieu. La Convention citoyenne pour le climat, composée de 150 Français tirés au sort, a bien tenu ce rôle d’assemblée populaire au cours du quinquennat, mais ses propositions n’ont été que très partiellement reprises, faute de vote « démocratique » sur le sujet. On aurait dès lors pu attendre que le scrutin présidentiel soit l’occasion de reprendre le débat, de trancher entre des options clairement établies qui permettent de préparer l’avenir. Pour l’instant, cette discussion a été largement escamotée, au profit de thématiques sécuritaires ou identitaires. « Il y a un éléphant dans le couloir, et on débat à propos des fourmis », regrette la directrice d’Oxfam et ancienne ministre Cécile Duflot dans son long échange avec le politologue Jérôme Fourquet, en poster de ce numéro. Levons les yeux, donc, histoire de choisir un chemin qui ne fonce pas dans le mur. 

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