Tenter de penser le monde d’après, en politique ou ailleurs, revient à se confronter à un premier paradoxe. L’épidémie que nous venons de traverser a bouleversé la société d’une manière aussi inattendue que radicale. Pour autant, le déconfinement s’accompagne d’un désir ardent de retour à la normale, qui vient balayer les rêves de nouvelle société nourris durant le confinement. C’est le propre des événements historiques majeurs de générer sidération et confusion, des ressorts qui entravent notre capacité à imaginer un monde différent de celui que nous connaissons. Ce qui n’empêche pas le fleurissement des déclarations d’intention et des desiderata politiques préexistants sur un réel bouleversé. On se souvient ainsi qu’il aura fallu plusieurs années pour rendre visibles les transformations majeures entraînées par Mai 68 dans la société française, au-delà de la seule crise politique et sociale refermée par les élections de juin 1969.

S’il semble périlleux de s’aventurer à échafauder scénarios et oracles divinatoires quant au futur de nos démocraties, plusieurs leçons peuvent cependant être tirées de la crise sanitaire et de ce que cette dernière a révélé des impasses de notre culture politique.

La première d’entre elles concerne le jacobinisme politique et administratif. La centralisation des décisions à Paris a dominé tout au long de la crise et perdure dans le déconfinement, malgré les déclarations d’intention visant à mieux intégrer les territoires. L’obsession de l’unité et d’une conception administrative rigide de l’égalité territoriale a conduit à une série de décisions discutables et critiquées aux différentes étapes de l&rsq

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