– Allô, Vladimir  ? Je t’appelle de Paris.

– Bonjour Gérard. Un nouveau film ?

– Mais non, voyons, c’est Emmanuel !

– Ah bon… Quoi encore ?

– Mais toujours la même chose, Vladimir, toujours la même chose ! Sauf que ça prend des proportions effrayantes. Tout le monde est horrifié. As-tu vu ces images insoutenables de Marioupol, de Kharkiv, de Mykolaïv ? Ces femmes en pleurs, ces enfants terrorisés, ces cadavres qu’on enterre au pied des immeubles…

– Un président ne devrait pas parler comme ça.

– Ce sont des crimes de guerre, Vladimir.

– Tout de suite les grands mots ! Quelle époque ! On ne peut plus se défendre contre une agression, maintenant, sans être traité de criminel.

– Qui a agressé la Russie ?

– Mais toi, mais vous, l’Otan ! Plusieurs de ceux qui cherchent à te piquer ton poste le mois prochain l’avaient très bien expliqué. À ce propos, permets-moi de te dire une chose : si tu veux, comme moi, rester au pouvoir jusqu’en 2036…

– Ma réélection, j’en fais mon affaire. Je n’ai pas besoin de tes conseils. C’est de la tragédie ukrainienne que je te parle, de tes soldats qui meurent là-bas sans avoir compris pourquoi ils devaient tuer leurs frères, leurs cousins. L’économie de ton pays va s’effondrer. Tu vas devenir un paria. Tu vas être jugé par le Tribunal pénal international. Tu vas finir tes jours en prison, si d’ici là une révolution de palais ne t’a pas jeté dans les poubelles de l’histoire… Il faut arrêter cette boucherie, Vladimir !

– Je n’ai pas bien entendu tes dernières phrases. Il y a de la friture sur la ligne. Encore un coup de ces nazis ukrainiens ou de la momie de Washington. Je raccroche, mais rappelle-moi quand tu veux. C’est toujours un plaisir de t’entendre. 

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