1. Production de la matière première

 

Les matières naturelles

Représentent 1/3 des matières utilisées dans le secteur de l’habillement

 

 

Végétales

Coton

26 % des vêtements fabriqués dans le monde sont en coton

Chanvre

La France est le 1er producteur de l’Union Européenne avec 17 900 ha en 2020. Sa filière textile a néanmoins disparu dans les années 1990

Liège

Le Portugal en est le 1er exportateur mondial

Jute

principalement produite en Inde et au Bangladesh, la fibre textile est tirée de l’écorce de la plante

 

Organiques

Soie

Elle pose des questions de bien-être animal, son processus d’extraction nécessitant d’ébouillanter les larves

Cachemire

Sa production intensive est responsable de la désertification galopante du désert de Gobi, entre la Chine et la Mongolie

Laine

en australie, 1er producteur mondial, l’élevage est intensif

Le lin, matière écologique par excellence

Cette fibre naturelle pousse facilement sans pesticide, grâce à la chaleur du climat et à l’eau de pluie. Elle ne nécessite donc aucune irrigation. Toute la plante étant exploitable, elle ne produit aucun déchet et ses étapes de fabrication sont peu gourmandes en énergie. Un hectare de lin retient chaque année 3,7 tonnes de CO2. La France est le premier pays producteur au monde, la plupart de ses cultures étant implantées en Normandie et dans les Hauts-de-France.

 

Les matières chimiques

Représentent 2/3 des matières utilisées dans le secteur de l’habillement

 

Les matières synthétiques

Les matières synthétiques sont fabriquées à partir d’une synthèse de matières dérivées du pétrole ou de matières recyclées : nylon, polyester, acrylique…

70 % des matières synthétiques proviennent du pétrole.

 

Les matières artificielles

Les matières artificielles proviennent d’une synthèse chimique obtenue à partir d’un composé naturel. La cellulose de bois permet, par exemple, de créer de la viscose.

 

L'exemple du Polyester :

Cette matière dérivée du pétrole est extrêmement utilisée dans l’industrie textile. 45 millions de tonnes sont produites chaque année.

Les fibres synthétiques entraînent la dispersion de 500 000 tonnes de microplastiques non dégradables dans les océans, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique. Ces microfibres, qui se détachent au lavage, sont trop petites pour être filtrées par les stations d’épuration.

 

 

2. La transformation en tissu

 

Filature

Ces étapes sont bien souvent réalisées loin des pays consommateurs à cause de leur haut degré de toxicité pour l’environnement et la santé des travailleurs. Elles font appel à des milliers de produits chimiques extrêmement toxiques : chrome, mercure, cadmium, plomb, cuivre… L’usage de ces produits est interdit en Europe depuis la réglementation Reach de 2006, mais ce n’est pas le cas dans les pays asiatiques, et les contrôles sur les produits importés se font rares. 20 % de la pollution d’eau douce dans le monde est liée au traitement et à la teinture du textile.

Ennoblissement

La teinture est une étape critique. Ces dix dernières années, le nombre de cas de cancer a doublé dans les régions indiennes de teinture. Les dissolvants sont responsables de nombreux cancers du rein, de l’œsophage, de l’utérus et du sein. Dans le sud du pays, un paysan sur deux est stérile. Ils sont environ 30 000 à avoir porté plainte contre les teinturiers qu’ils estiment responsables de leur infertilité. Une corrélation a également été mise en évidence entre l’industrie textile et l’augmentation des cas d’autisme graves chez les enfants.

L’étape du sablage

Cette technique, qui consiste à projeter du sable de quartz sur le jean, permet de lui donner un aspect vieilli. Les ouvriers s’exposent ainsi aux risques de silicose, une maladie pulmonaire incurable. La pratique est interdite dans l’Union européenne et en Turquie depuis 2009, mais elle persiste dans des pays comme le Bangladesh. Une alternative plus coûteuse existe, elle repose sur la technique du laser.

 

 

3. La confection du vêtement

 

Le travail à la chaîne

L’industrialisation, puis les délocalisations, toujours plus lointaines, de l’industrie textile ont engendré un éclatement des différentes étapes de fabrication. Pour économiser les gestes des travailleurs, ces derniers se concentrent sur une seule et unique tâche.

80 % du PIB du Bangladesh repose sur l’industrie textile.

Le Drame du Rana Plaza

Le 24 avril 2013, 1  135 ouvriers, en majorité des femmes, perdent la vie dans l’effondrement de leur usine. L’accident, qui aurait pu être évité, fait également 2 500 blessés. De cette catastrophe, la plus meurtrière de l’histoire du textile, est né un collectif international baptisé Fashion Revolution. Il œuvre à bâtir une industrie plus verte, plus respectueuse, plus juste et plus transparente.

 

L’exploitation des femmes

Sur les 35 millions d’ouvriers du textile bangladais, 80 % sont des femmes. Elles touchent un salaire moindre et sont très souvent victimes de travail forcé et de harcèlement sexuel. Au Bangladesh, une ouvrière du textile meurt tous les deux jours sur son lieu de travail, d’une maladie liée à son activité, ou d’un accident du travail.

L’Inde n’est pas en reste : dans le sud du pays, 50 000 jeunes filles sont forcées à travailler dans ses usines.

Le pays compte environ 4 600 usines textiles pour 230 inspecteurs.

Salaire

Seuls 2 % des ouvriers et ouvrières du textile gagnent un « salaire vital », c’est-à-dire une somme suffisante pour couvrir leurs besoins fondamentaux : loyer, alimentation, eau, habillement, santé, protection sociale, éducation, transport. Pour économiser toujours plus, les industriels se tournent désormais vers l’Éthiopie, où le salaire minimum s’élève à 26 dollars par mois.      

 

 

4. De l’usine au client

Du champ de coton à la boutique, un jean peut parcourir jusqu’à 65 000 km, soit une fois et demie le tour de la Terre. L’industrie textile génère à elle seule près de 10 % des émissions de CO2 mondiales. C’est plus que l’aviation et le transport maritimes réunis. 

 

Le management du retour

Le succès de la vente en ligne, pratique qui s’est accélérée pendant la pandémie, repose sur une garantie : quand un article ne vous convient pas, vous avez la possibilité de le renvoyer et d’obtenir son remboursement. Or, ces cabines d’essayage domestiques ont un vrai poids écologique, a découvert Jessica Stolzmann, une journaliste finlandaise. En cachant des puces GPS dans les étiquettes de vêtements achetés puis retournés, elle a pu mettre en évidence que les articles étaient envoyés dans des centres de « management du retour » situés en Pologne et en Estonie. Ces centres partent du principe que les articles abîmés dont le prix de vente se situe sous la barre des 60 euros ne valent pas la peine d’être lavés ou réparés, puis renvoyés en magasin. Ils sont donc donnés à des organisations caritatives ou revendus à d’autres entreprises. Ces dernières décident alors généralement de les vendre en dehors de l’Europe, où ils finissent dans des boutiques locales ou détruits dans des régions où la gestion des déchets est peu encadrée. Les marques n’ont souvent aucune idée de la destination finale de leurs produits. Personne n’est tenu pour responsable. Au niveau de l’UE, on estime que trois milliards de colis sont retournés chaque année, l’équivalent de l’empreinte écologique d’une ville moyenne européenne.

5. La vie écourtée du vêtement

50 % de l’impact environnemental d’un vêtement dépend de son usage, estime l’Agence de la transition écologique.

Nous ne portons régulièrement que 30 % de notre garde-robe.

En quinze ans, la consommation occidentale de vêtements a augmenté de 60 %, alors que nous les conservons deux fois moins longtemps.

En Europe, 4 millions de tonnes de déchets vestimentaires terminent dans des décharges chaque année. L’équivalent d’une benne de vêtements est jeté chaque seconde dans le monde.

 

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La culture du coton

 

En quelques chiffres

26 millions de tonnes de coton sont produites chaque année.

Mais à quel prix ?

En Chine, ½ million de membres de la minorité ouïghoure sont exploités dans les champs de coton du Xinjiang.

100 et 150 millions de personnes, soit 1,5 à 2 % de la population mondiale, tirent leurs revenus du coton.

Les conditions météorologiques

Le cotonnier exige des caractéristiques météorologiques particulières : une température du sol constamment supérieure à 15 °C ;  une température de l’air comprise entre 21 et 37 °C.

Toute averse importante pendant la maturation estivale, ou au début de l’automne, est susceptible de ruiner la récolte.

Le cotonnier a besoin en moyenne de 2 000 litres d’eau pour produire 1 kilo de coton.

 

 

La mer d’Aral était le 4e plus grand lac du monde avant que ses principaux affluents ne soient déviés pour irriguer les champs de coton. Sa superficie équivalait à plus de deux fois la Belgique, soit 67 300 km2. Les pratiques agricoles agressives adoptées à partir des années 1960 ont asséché le lac, réduisant son volume de 90 % et sa surface de 75 %. 28 espèces endémiques ont disparu. Un barrage construit en 2005 par le Kazakhstan a permis au nord du lac de reprendre vie, mais l’avenir de la mer d’Aral n’est pas garanti. 

 

Une culture très polluante

Les champs de coton couvrent environ 2,5 % des surfaces cultivées mondiales, mais engloutissent près de 5 % de la totalité des pesticides vendus aux agriculteurs, et plus de 10 % des insecticides. Le cotonnier nécessite jusqu’à 20 traitements pour une même parcelle chaque année. Pour un kilo de coton, il faut 75 g de pesticides et 300 g d’engrais chimiques.

1 à 3 % des travailleurs agricoles dans le monde souffrent d’une intoxication aiguë aux pesticides, qui se présente généralement sous la forme de brûlures oculaires, migraines, maux d’estomac, fièvre, cancers, maladies neurologiques, épilepsie, infertilité. Chaque année, au moins 1 million d’entre eux nécessitent une hospitalisation.

Le coton transgénique

Aussi appelé coton Bt, il représente aujourd’hui plus de 75 % de la production de coton dans le monde. 

Le jean 100 % coton

Il est le vêtement qui occasionne le plus de pollution dans sa fabrication et par ce qu’il devient une fois qu’il n’est plus porté.

6 milliards de paires de jeans sont fabriquées chaque année.

La quasi-totalité sont teints avec de l’indigo synthétique, lui-même composé d’une dizaine de produits chimiques dont du pétrole, du benzène, du cyanure d’hydrogène et du formol. À l’origine, pourtant, la couleur indigo vient de l’indigotier, un arbuste des régions chaudes.

En France, la production de plantes tinctoriales est très marginale, mais certains s’efforcent de la relancer. En Provence, deux sœurs se sont lancées dans la culture de la persicaire à indigo, qui produit ce fameux bleu, mais aussi dans celle de la garance, une plante vivace appréciée pour son rouge, et de la gaude, une grande fleur jaune.

 

Y a-t-il des alternatives ?

Le coton biologique

Seul 1 % du coton cultivé dans le monde est certifié bio. Il est principalement produit en Turquie. Pour autant, un tee-shirt fait à partir de coton biologique peut s’avérer polluant, notamment s’il subit un processus de transformation chimique.

Dans le Gers, trois agriculteurs ont réussi à faire pousser du coton bio. C’est une première en France.

 

La seconde main, un système pas si sain

En France, plus de deux transactions sont réalisées chaque seconde sur Vinted. Ce système, bien que plus vertueux, entretient potentiellement le besoin d’achats impulsifs. Or revendre de la fast fashion portée quelques fois pour acheter de la fast fashion neuve tout en culpabilisant moins n’a rien d’écologique. Par ailleurs, l’engouement autour de la seconde main a fait grimper les prix des vêtements sur les plateformes, empêchant les personnes qui sont réellement dans le besoin de se vêtir grâce à ce marché.

En Afrique, où terminent 70 % des vêtements donnés dans le monde, la seconde main détruit progressivement l’industrie textile locale, elle-même souvent à base de coton bio, à tel point que des pays comme l’Ouganda, le Rwanda ou la Tanzanie souhaitent l’interdire.

 

Le recyclage au point (presque) mort :

En France, 239 000 tonnes de vêtements usagés sont récoltées chaque année, dont 33,5 % sont recyclés – le reste est donné, revendu en seconde main ou incinéré. Le recyclage prend des formes différentes : environ un tiers sera redécoupé pour faire des chiffons, les deux autres tiers sont transformés pour fabriquer une nouvelle matière de moindre qualité, comme de l’isolant ou du rembourrage de matelas. Moins de 1 % des textiles et des vêtements du monde sont véritablement recyclés en nouveaux articles.

 

 

En France

1 million de personnes sont actuellement employées dans le secteur de la mode, elles étaient 3,5 millions au XIXe siècle.

70 % de la production vendue aujourd’hui en France vient d’Asie du Sud-Est.

Les Britanniques sont les plus gros consommateurs de vêtements, avec 26,7 kg par an, soit 16 jeans et 40 tee-shirts. La moyenne mondiale est de 5 kg.

 

 

Réalisation Claire Martha
Conception Manon PaulicJulien Bisson
Sources principalesDana Thomas, Fashionopolis, le vrai prix de la mode et ce qui peut la sauver, De Boeck Supérieur, 2020
Ademe
Oxfam
Fashion Revolution,Livre blanc 2020
Éthique sur l’étiquette
Fairwear Foundation
© le 1

 

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