Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique latine constitue une terre d’accueil pour un grand nombre de nazis non repentis. Aujourd’hui encore, groupuscules et mouvements suprémacistes blancs s’agitent aux quatre coins du continent. Leur influence reste marginale mais leurs actions, parfois violentes, marquent la survivance sur le territoire d’une idéologie fondée sur l’inégalité des « races ». En voici quelques exemples. 

ARGENTINE
Si le Parti du Nouveau Triomphe – mouvement néonazi le plus important du pays – a été interdit par la Cour suprême en 2009, pour autant les idées suprémacistes et négationnistes n’ont pas totalement disparu d’Argentine, comme le prouvent de récentes agressions. En 2013, un groupe de jeunes catholiques ultraconservateurs faisait irruption dans la cathédrale de Buenos Aires pour perturber la commémoration interreligieuse du 75e anniversaire de la Nuit de cristal, considérée comme les prémices de l’Holocauste perpétré par le régime nazi. Les perturbateurs prétendaient dénoncer une « profanation de la maison de Dieu ». Deux ans plus tard, à Mar del Plata, deux jeunes homosexuels se faisaient tabasser par des hommes portant des vêtements décorés de symboles nazis. Cette cité balnéaire est connue pour être, depuis le retour de la démocratie en 1983, le foyer de plusieurs groupes néonazis d’origines diverses et aux modes d’action variés : attentats contre des lieux de mémoire, agressions physiques de militants politiques et sociaux, résidents étrangers et citoyens stigmatisés pour leurs croyances religieuses ou leur sexualité. 

BRÉSIL
Des bandes néonazies ont commencé à faire leur apparition au Brésil au cours des années 1990. D’après l’anthropologue Adriana Dias, qui travaille depuis plus de dix ans à cartographier les foyers nazis, la plupart de leurs membres résident dans le sud du pays (District fédéral, Minas Gerais, São Paolo…) où vit une population majoritairement blanche. 

Le plus violent de ces groupes, Neuland, est en activité depuis les années 2000. Il prône la séparation du Brésil : blanc d’un côté, métissé de l’autre. Ses membres, dont le nombre est estimé à une cinquantaine, ne se contentent pas de propager un discours haineux envers les Noirs, les homosexuels et les Juifs. Armés, ils n’hésitent pas à lyncher et tuer jusque dans leurs propres rangs. Certains membres de Neuland auraient été assassinés pour avoir remis en question la violence des méthodes employées par leur propre organisation.

CHILI
Après la création du NSDAP en Allemagne en 1920, c’est au Chili que le second mouvement national-socialiste est né, en 1932. Il disparaît en 1938, laissant place au Parti national-socialiste ouvrier, une vingtaine d’années plus tard. Ce groupe d’extrême droite, dont l’objectif était d’instaurer une branche du Ku Klux Klan au Chili, avait pour habitude d’organiser des concours de beauté « Miss Nazi ». C’est également à cette époque que Paul Schäfer, un ancien brancardier SS, fonde la « Colonia Dignidad », un territoire de 3 000 hectares qui fera office de centre de torture sous la dictature d’Augusto Pinochet. Plus récemment, une « École des arts nazis » a ouvert à Ancud, sur la petite île de Chiloé, l’objectif de son fondateur étant de promouvoir l’« idéologie hitlérienne ». Ces dernières années, un certain nombre d’agressions commises par des suprémacistes blancs ont été particulièrement médiatisées, comme le décès de Daniel Zamudio, un jeune homosexuel torturé pendant près de six heures en 2012 dans un parc de Santiago par quatre néonazis, et l’attaque au rasoir en 2017 d’un jeune militant juif homosexuel dans un parc du centre de la capitale. Il y aurait environ 350 groupes à caractère nazi actuellement en activité au Chili.

COSTA RICA
Le premier groupe néofasciste costaricain est né en 1961. Baptisée le Mouvement du Costa Rica libre, cette organisation paramilitaire d’extrême droite est toujours en activité. Elle se revendique anticommuniste, mais aussi antisémite et xénophobe. Elle a depuis été rejointe par d’autres organisations aux positions racistes et homophobes, visant particulièrement les immigrés et les Noirs. En 2008, un jeune travesti, Carlos Novoa, était retrouvé mort dans un fossé, abattu d’une balle dans la nuque. En 2012, un policier se faisait renvoyer pour avoir publié sur son compte Facebook des photos de symboles et drapeaux nazis. En 2015, une boutique de San José fermait sur les ordres du gouvernement. Elle vendait, entre autres, des ouvrages négationnistes et des accessoires nazis.  

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