Imaginez, dans une société majoritairement noire et métissée, un groupe de Blancs qui vivraient repliés sur eux-mêmes. Quelques milliers de personnes presque toutes apparentées, dont les principales familles, regroupées dans des îlets privés et des quartiers séparés, posséderaient 52 % du foncier, 40 % de la grande distribution, 90 % de l’industrie agroalimentaire, et les principales concessions automobiles. Un univers fondé sur une hiérarchie raciale dans laquelle les Blancs seraient considérés par la majorité comme des dominants obsédés par la préservation de leur entre-soi et de la race blanche. Nous ne sommes pas dans le Sud des États-Unis dans les années 1960, mais bien en France, aujourd’hui. En Martinique, plus précisément, où les Blancs créoles, ou « békés », par leur mode de vie, témoignent des profonds stigmates que l’esclavagisme et le colonialisme ont laissés dans cette société.

Leur histoire est celle d’un groupe de trois mille personnes descendant des colons blancs européens arrivés en Martinique à partir de 1635, et dont le pouvoir acquis dans la société coloniale a été préservé des remous de l’histoire. Hayot, Despointes, Barbotteau, Viviès, Reynal, de Lucy, Aubéry :

Vous avez aimé ? Partagez-le !