J’ai commencé à m’intéresser à l’œuvre d’Hannah Arendt après la chute du mur de Berlin. Et je n’aurais jamais eu l’idée de faire un film sur elle, encore moins d’y consacrer dix ans de ma vie, sans le conseil d’un ami. En 2002, alors que je venais de réaliser Rosenstrasse, un film sur un chapitre de l’histoire très méconnu, celui des femmes « aryennes » qui ont lutté contre la déportation de leurs maris juifs et sont parvenues à les sauver, cet ami m’a dit : « Maintenant, il faut absolument que tu fasses un film sur Hannah Arendt. » Ma première réaction a été de lui répondre : « Un film sur une philosophe qui pense… mais c’est impossible ! » Pourtant, à partir du moment où l’idée a été exprimée, elle n’a plus quitté mon esprit. Ma coscénariste Pam Katz était particulièrement enthousiaste, alors nous avons commencé les recherches.

Comment aborder un tel sujet ? Pour moi, les lettres sont d’une importance capitale. Ce sont les lettres qui permettent d’appréhender toute la subtilité, toute la diversité des sentiments et des pensées qui animent un personnage. Avec chaque interlocuteur, il s’exprime d’une manière différente. Elles forment un kaléidoscope du caractère. Quand je préparais m

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