Notre époque a connu le succès des régimes anticholestérol. Mais l’ancien temps avait connu, lui, le triomphe de Dionysos. On a beau vanter la lumière athénienne qui porterait à la modération, dans le ­domaine du boire, de sérieux exemples de démesure nous viennent des abords de l’Acropole. Rapporté à l’anecdote, Le Banquet, c’est l’histoire d’une beuverie. Ailleurs, Platon raconte qu’à l’occasion des bacchanales, il vit un jour toute la ville d’Athènes plongée dans l’ivrognerie. 

Il est juste qu’un des mots savants inventés pour qualifier le péché de boisson sonne comme un mot grec : la dipsomanie. Une invention de médecin, à l’époque où les carabins jargonnaient en grec. Forger des néologismes hellénisants était du dernier chic. On parla ainsi de potomanie pour qualifier le mal de celui qui a besoin de boire constamment ; et de dipsomanie lorsque ce liquide bu sans soif est alcoolisé. 

Ce terme de médecin est parfois devenu un mot d’écrivain. Ainsi chez Émile Littré, qui fut l’un et l’autre. Sa définition clinique de la dipsomanie vous fait passer le goût du vin : « Nom donné quelquefois au delirium tremens, appelé aussi folie des ivrognes ; affection dans laquelle le malade délire et est affecté de tremblements. » 

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