Bien que le mot ­mythique possède des racines grecques (­mythos), nous, les Grecs d’aujourd’hui, ne sommes pas très doués pour sauvegarder nos lieux célèbres. Les mythes de notre civilisation pèsent peut-être déjà trop sur notre conscience sociale. 

Ce n’est pas un hasard si l’Antico Caffè Greco, dit Le Greco, se trouve à Rome. Un lieu fréquenté par les artistes et philosophes pendant plus de trois siècles, mais aussi par l’intelligentsia grecque lors des périodes troubles du pays. En revanche, à Athènes, les grands cafés comme le Byzantino, où le poète Georges Seferis, les philosophes ­Cornelius Castoriadis et Kostas Axelos avaient leurs habitudes, le café Brazilian fréquenté par les surréalistes, ou encore le Floka, lieu chéri par Melina Mercouri, Nikos Gatsos ou Manos Hadjidakis, n’existent plus. À l’image du dernier village gaulois d’Astérix, un quartier a été épargné : Exarchia. Situé au centre d’Athènes il tourne le dos au Musée archéologique. Typographes, éditeurs, poètes écrivains s’y sont établis avant la guerre. Exarchia a toujours été peuplé d’anarchistes, gauchistes, intellectuels, révolutionnaires… Sur la place centrale, au rez-de-chaussée du célèbre immeuble bleu de style Bauhaus, se trouve le Café Floral. La clientèle est éclectique : des vieilles dames ­devisent non loin de réfugiés politiques, ­metteurs en scène, ­acteurs, écrivains et autres fashion ­designers venus de Londres ou Berlin, tandis que des étudiants occupent de vastes tables de lecture. Sur la terrasse comme sur la place, vous ne verrez jamais de policiers en uniforme et les voitures peuvent se garer comme bon leur semble : les contraventions sont abolies dans le secteur. Voilà le dernier lieu à Athènes où affleurent les parfums d’amour et de ­révolution, voilà Exarchia et son vieux Café Floral. 

80, rue Themistokleous quartier d’Exarchia

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