La fin du monarque républicain
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Les sondages sont implacables. Au fil des mandats présidentiels, ils enregistrent depuis quarante ans le lent affaissement de la fonction présidentielle dans l’opinion. Le baromètre TNS Sofres-Figaro Magazine est ainsi passé du beau fixe à l’avis de tempête. En fin de mandat, en mai 1981, au moment de sa défaite, Valéry Giscard d’Estaing recueille encore la confiance de 44 % des Français. Le premier mandat de François Mitterrand connaît, certes, un trou d’air de juin 1983 à avril 1986, mais le chef de l’État ne descend jamais en dessous de 36 % de confiance. Dès que débute la cohabitation avec Jacques Chirac en 1986, Mitterrand retrouve des sommets qu’il ne quittera plus, jusqu’en octobre 1991. Vient alors un divorce de près de quatre ans avec, malgré tout, le soutien d’un tiers des Français
L’arrivée de Jacques Chirac au pouvoir en 1995 est un tournant. Au bout de quatre mois, le président s’enfonce dans l’impopularité. Elle va durer deux ans et demi ! Ce rejet se traduit par une défaite législative en avril 1997 et une cohabitation avec Lionel Jospin. Comme pour Mitterrand, elle redonne des couleurs à Chirac. Sa cote de confiance est presque continûment positive jusqu’en juillet 2003, un an après sa réélection de 2002. Mais sa fin de mandat est, elle aussi, douloureuse. Sa cote de popularité part en vrille. C’est le premier véritable effondrement présidentiel : en juillet 2006, seulement 16 % des Français lui font confiance !
Le temps du désamour présidentiel est arrivé. Nicolas Sarkozy et François Hollande en sont les victimes. Finis les états de grâce ! La fonction présidentielle n’inspire plus le respect. Le quinquennat est passé par là. Il pousse les présidents à s’exposer en permanence. Il n’y a plus de distance, plus de mystère, plus de sacralité. La crise de confiance devient structurelle : sur 60 mois de présidence, Sarkozy connaît 52 mois de défiance. Après 48 mois passés à l’Élysée, Hollande en est à 44 mois de rejet. Avec cet accablant record : 13 % de confiance. Au-delà des hommes qui l’incarnent, c’est la fonction présidentielle qui est atteinte. La monarchie républicaine a vécu.
« Une fonction encore très sacralisée »
Brice Teinturier
Quelle serait la meilleure définition du président en majesté sous la Ve République ?
C’est le dépositaire symbolique de la volonté d’une majorité de Français, censé repr…
[Au ciel]
Robert Solé
– Dites donc, Mitterrand, suivez-vous ce qui se passe en bas ?
– Oui, mon Général. Ils sont devenus fous. Une douzaine de candidats à droite, et qui sait combien à gauche ? N’importe qui se voit président. De notre t…
Plaidoyer pour une fonction présidentielle incarnée !
Éric Revel
Quoi ? Il faudrait, paraît-il, passer au plus vite à la VIe République ? Et laisser tomber comme une vieille chaussette cette Constitution taillée pour les épaules historiques du seul général de Gaulle ? Il serait urge…