Dans un ouvrage resté célèbre sur le pouvoir et la construction de l’État moderne, Les Deux Corps du roi, paru en 1957, l’historien américain Ernst Kantorowicz avance l’idée d’une dualité du corps du monarque : un corps terrestre qui connaît la souffrance, le doute et les flétrissures du temps, et un corps spirituel, politique, sacré, immortel et immuable. Le temps passe, les systèmes politiques changent mais à observer nos présidents, cette dualité demeure, particulièrement sous la Ve République, dont on ne dira jamais assez le caractère monarchique. Les présidents de la République disposent bien de deux corps : un corps profane, privé, et un corps politique, celui de leur fonction, qui unit la communauté nationale autour de leur personne. 

Cette réalité, tous les présidents de la Ve l’ont intégrée. Ils en ont même fait un usage politique à travers une mise en scène de leur corps public et de leur corps privé, avec d’un côté des cérémonies de célébration du pouvoir présidentiel, comme les commémorations ou les fêtes nationales, et de l’autre la présentation sélec

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