– J'ai du mal à admettre le principe du vaccin. Cette idée d’administrer un traitement à des bien-portants me perturbe.
– Et alors ? Ce n’est pas le seul exemple de médecine préventive : vous trouvez certainement normal d’avaler des pilules pour éviter le mal de mer ou le paludisme.
– Mais, ici, c’est un microbe qu’on nous inocule !
– Les doses injectées sont faibles : il s’agit de virus atténués ou de bactéries inactivées qui ne visent évidemment pas à provoquer la maladie, mais à stimuler le système immunitaire.
– J’avais bien compris. Ne me prenez pas pour un enfant. Je suis majeur et vacciné. C’est l’idée de combattre le mal par le mal qui me trouble.
– Allons, allons ! Reprocherez-vous aux pompiers d’allumer un contre-feu pour bloquer l’incendie de forêt qui menace votre maison ?
– Je ne vois pas le rapport.
– Dans les deux cas, il faut neutraliser l’adversaire. Les pompiers retirent à l’incendie le combustible, mais aussi l’oxygène qui lui est nécessaire. Ils l’asphyxient en plein air.
– Si je comprends bien, le vaccin est un contre-feu ?
– Vous brûlez… Enfin, pas tout à fait. Le vaccin déclenche la production d’anticorps. Il fabrique des cellules dotées d’une excellente mémoire. Ces cellules dormantes peuvent rester inactives pendant des années, se faire oublier, mais sont capables de combattre à tout moment un agent pathogène précis contre lequel elles ont été entraînées.
– En somme, le vaccin fait croire à l’organisme qu’il est attaqué par un virus pour qu’il produise des anticorps protecteurs ?
– Exactement.
– C’est encore plus sournois que le contre-feu !
– Tout est permis pour tromper la maladie.