Le combat contre la précarité et ses revers
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« Je défends profondément la mendicité »
Patrick Declerck
Entre le début de vos recherches sur la grande pauvreté en 1980 et aujourd’hui, une différence vous frappe-t-elle ?
Rien ne change… Non seulement rien ne change, mais des aspects ont empiré. La présence de ces personnes dans nos rues, c’est le retour du même, du refoulé.
Et pourtant, en quelques décennies, une couverture maladie universelle a été créée.
La CMU est une excellente idée et on a eu raison de la mettre en place. Mais pour ce qui concerne les gens de la rue, on a affaire à une population qui ne va pas, ou très rarement, à l’hôpital. L’accès gratuit aux soins est donc un progrès appréciable qui ne s’adresse pas particulièrement à eux. Nous parlons bien d’une population épuisée. Il s’agit de personnes qui sont à la limite de notre société, je dirais presque son envers. C’est un point fondamental : il n’y a pas d’anti-société. La société ne disparaît jamais. Les naufragés font partie de nous, même si nous ne voulons pas les voir.
Nous traiterions depuis toujours les gens de la rue de la même manière ?
Non, mais quelle continuité ! Dans La Nef des fous, un texte allemand du XVe siècle, ne plaçait-on pas les mendiants, les clochards et les fous sur un bateau pour s’en débarrasser ? Ce n’était pas seulement un fantasme ; c’était une pratique. Il s’agissait bien d’expulser hors des villes les déviants.
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[Sans-dents]
Robert Solé
Valérie Trierweiler s’est employée vainement à nous persuader que son ex-compagnon, François Hollande, méprisait les pauvres. Elle aura toutefois enrichi notre vocabulaire en parlant des « sans-dents ». Jusqu’à présent, on disait pudiquement les démunis ou les personnes défavorisées. La préposition « sans », pour exprimer le manque, ne s’aventurait pas dans le visage des indigents : c’était des gens sans ressources, des sans-logis, des sans-abri…
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