« L’aspect de la crise moderne que l’on déplore comme une “vague de matérialisme” est lié à ce que l’on appelle “crise d’autorité”.
Si la classe dominante a perdu le consentement, c’est-à-dire si elle n’est plus “dirigeante” mais uniquement “dominante”, et seulement détentrice d’une pure force de coercition, cela signifie précisément que les grandes masses se sont détachées des idéologies traditionnelles, qu’elles ne croient plus à ce en quoi elles croyaient auparavant, etc. La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. »
Cahiers de prison, tome 1, cahier 3, juin-juillet 1930
© Éditions Gallimard, 1996, pour la traduction de Monique Aymard et Françoise Bouillot