La mémoire prend souvent des chemins étranges. Alors que je réfléchis à un texte sur les personnes âgées, je me souviens subitement d’une si belle image : grâce à une porte entrouverte, j’ai pu apercevoir fugitivement deux octogénaires s’embrasser. J’allais rendre visite à ma grand-mère dans sa maison de retraite et, à chaque fois, je ressentais cela comme une immense désolation. Pourtant, ma grand-mère était d’une pudeur extraordinaire, accueillant mes visites avec un long sourire, de bout en bout, alors que je la soupçonnais de reprendre une mine éteinte dès mon départ. Elle me remerciait de mes passages, et je repartais toujours le cœur lourd de la savoir ici. Il m’arrivait aussi de ressentir, dans l’étendue de nos émotions médiocres, une satisfaction d’avoir accompli mon rôle de petit-fils bienveillant. Absurde et dérisoire. Que valait ma petite visite au royaume de l’ennui et de la dégradation ? Tous ces moments qui me poignardaient en comparaison du passé où ma grand-mère, pleine de vie et d&

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