« Amérique, quand finirons-nous la guerre humaine ? » se demandait Allen Ginsberg dès 1956. Durant des décennies, le poète pacifiste dénonça l’impérialisme américain, du Chili au Viêtnam. Récitant, gueulant et chantant : « La sincérité met fin à la paranoïa. » 

 

J’en ai marre des disputes

« Tu as jeté le beurre dans la casserole »

« Non, c’est toi qui l’as laissé fondre sur le fourneau »

« Tu as envahi la Turquie et tué tous les Arméniens ! »

« 
Non ! C’est toi qui as envahi la Chine et l’as droguée à l’opium ! »

« 
Tu as fabriqué une bombe H plus grosse que la mienne »

« Tu as utilisé des gaz toxiques en Indochine »

« 
Ton défoliant a détruit un quart de la surface de la planète. C’est pas juste ! »

« Tu as pulvérisé du Paraquat »

« Tu fumes du pot »

« Je t’arrête »

« Je déclare la guerre ! »

Et si on débranchait les haut-parleurs ?

5 septembre 1983

 

Allen Ginsberg, Linceul blanc : poèmes 1980-1985, traduit de l’anglais (États-Unis) par Yves Le Pellec et Françoise Bourbon

© Christian Bourgois éditeur, 1994

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