« Donald Trump est un petit tyran », nous confie Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie qui publie ces jours-ci Les Routes de la liberté. Ce démocrate américain, qui a été chef économiste à la Banque mondiale, tire la métaphore de la cour d’école : « Le président des États-Unis est comme un enfant qui assène à ses camarades de classe : “Donne-moi ton jouet ou je te tape !” » Les relations internationales, y compris entre alliés, seraient-elles devenues à ce point puériles ? Ce qui est sûr, c’est que l’usage du rapport de force, voire du chantage, est l’une des armes favorites du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Pendant sa campagne électorale, il a menacé les Chinois d’augmenter les droits de douane sur leurs produits de 60 %, ceux du reste du monde de 10 à 20 % ou, pour ses plus proches partenaires commerciaux, le Canada et le Mexique, de 25 %. À cela s’ajoutent ses déclarations de début janvier, dans lesquelles il a affirmé vouloir annexer le canal de Panama, le Canada et le Groenland. Une méthode Trump qualifiée dans nos pages de « totalitarisme transactionnel » par Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.

Les prochains mois diront ce qui tient, chez le locataire de la Maison-Blanche, de la véritable ambition ou de la simple provocation. Bluff ou pas, les partenaires des États-Unis prennent ces menaces au sérieux. Donald Trump est clairement à l’offensive sur le terrain économique, voire territorial. Les guerres économiques ont jalonné l’histoire, bien sûr, mais ce qui change aujourd’hui, c’est leur niveau d’intensité. Il est difficile de mesurer l’impact que pourraient avoir les décisions de Trump, mais des projections réalisées par des économistes comme celles que nous présentons en poster permettent de voir que les échanges internationaux en seraient profondément remodelés. Paradoxalement, l’économie américaine risque de ne pas en sortir gagnante et même de pâtir de cette nouvelle orientation politique. Dans une note, le think tank américain Tax Foundation affirme que toutes les études concluent à un impact négatif sur la croissance américaine. Et Pauline Wibaux, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), rapporte dans nos pages que, selon le Peterson Institute, l’inflation aux États-Unis en 2026 pourrait s’installer entre 6 % et 9 %.

Comment réagiront les Européens à cette guerre économique ? Pour l’instant, ceux-ci sont dans la sidération ou, au mieux, dans un attentisme poli. Cette adversité nouvelle leur permettra-t-elle de s’émanciper davantage de ces alliés américains devenus si imprévisibles ? Sera-t-elle source de division ou d’union renforcée ? « Cela doit vous servir d’alerte, à vous, Européens », prévient Joseph Stiglitz. 

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