Dans l’un de ses meilleurs sketches, Muriel Robin apprend que sa fille va épouser un Noir. Épouvantée, elle demande : « Noir ? Tu en es sûre ? » Puis : « Il est noir-noir ou… un peu blanc ? » Complètement éperdue, elle finit par lancer : « Oh, mais tu as tout à fait le droit d’épouser un Nègre… Pardon ? ! J’ai dit "Nègre" ? Oh, ça m’étonnerait… »

Assimilé à « négrier », ce mot avait été pudiquement remplacé à la Révolution française par « homme de couleur ». Aujourd’hui, de crainte d’apparaître raciste, on parle de Black, pour éviter de dire Noir. Mais il ne viendrait pas à l’idée d’appeler White un Dupont ou un Durand. D’ailleurs, Blanc n’existe que par rapport à Noir, Arabe ou Asiatique : la peau des gens « normaux », comme dirait Coluche, va du rose pâle au marron foncé. Sans compter les adeptes du bronzage qui ont promu le café au lait.

« Black » fait-il un peu moins noir que « Noir » ? L’emploi de cet anglicisme, loin d’exprimer une noirceur de sentiments, témoigne d’un souci de convivialité et d’une manière un peu puérile de refuser la différence.

Mais « Noir » n’est quand même pas un gros mot ! Tout dépend de l’intention de celui qui le prononce. Le mot Nègre lui-même n’a-t-il pas été retourné par Aimé Césaire et Léopold Senghor en négritude et négrité pour revendiquer l’identité et la culture de l’homme noir ?

Contre les tabous langagiers, rien ne vaut l’humour des victimes potentielles ou réelles du racisme. En 1992, Kofi Yamgnane, élu socialiste du Finistère, d’origine togolaise, avait amusé tout le monde et porté un joli coup au politiquement correct en déclarant : « Je suis un Breton d’après la marée noire. » 

 

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