Émotion, indignation, colère. Ces trois sentiments ont secoué le monde entier après la mise à mort de George Floyd, étouffé sous la pression du genou d’un policier pendant 8 minutes et 46 secondes. Ce citoyen américain était noir ; le policier blanc. Des vidéos accablantes ont montré ce que peut signifier être noir aux États-Unis. Un souffle de protestation contre le racisme et les violences policières a balayé la planète, qui fait penser à la rupture créée par le mouvement féministe #MeToo voici trois ans.

Cette déflagration née outre-Atlantique est une invitation à nous interroger sur la condition des Noirs en France. Non pour établir un parallèle illusoire, mais pour prendre en compte des faits qui reviennent périodiquement dans l’actualité : les discriminations à l’embauche, les assignations à résidence dont Emmanuel Macron avait parlé lors de sa campagne présidentielle, les contrôles au faciès devenus une règle et, parfois, de graves dérives. Où en sommes-nous sur ces sujets ? Est-on si sûr de pouvoir affirmer, comme le ministre de l’Intérieur, que tous les jeunes, quelles que soient la couleur de leur peau ou leurs origines, sont traités comme « des enfants de la République » ? À l’école, oui. Mais dans les commissariats, les palais de justice ? Il faudrait que ces enfants de la République, parfois en butte à des discriminations, ne craignent pas de faire valoir leurs droits. Or, beaucoup n’ont pas confiance et quelques-uns confient ressentir de la peur à la vue des policiers.

Le débat s’est focalisé sur l’expression « violences policières ». Les uns pour la critiquer au motif qu’elle stigmatise l’ensemble de l’institution policière ; les autres pour en faire un slogan. Arrêtons de jouer sur les mots et admettons qu’une minorité dans les forces de l’ordre enfreint la loi. À la police de faire le ménage, ou à d’autres si elle en est incapable. À la justice de sanctionner. Le corporatisme en la matière ne laisse pas d’intriguer alors que la démocratie française combat ouvertement le racisme. Les discours percutants de l’exécutif sur le sujet ne suffisent plus. Il faut des actes.

Il faut aussi ne pas minorer le facteur humain. Tout n’est pas de la responsabilité de l’État ni même de la police. Ce n’est pas l’État qui refuse la location d’un appartement à un jeune couple à la peau sombre. Ce n’est pas l’État qui refuse d’embaucher un tel ou une telle en raison de sa couleur. Dans notre société, la lutte contre le racisme est autant l’affaire des citoyens que celle de la puissance publique. Quand chacun agira dignement, il sera moins difficile d’être noir en France.

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