C’est une vieille histoire. Nous avons tendance à penser avec les schémas d’hier ce qui nous arrive aujourd’hui. Mais hier, le terrorisme prenait d’autres formes que celles d’aujourd’hui. Surtout, les moyens techniques de contrôle des populations n’avaient pas atteint le niveau de sophistication actuel. Hier, dans notre mémoire collective, la lettre de cachet avec le paraphe du roi et la mise au secret à la Bastille faisaient frémir. Les lois de la République avaient pour fonction de nous protéger de ces terribles excès. La société civile y veillait. Et quand le pouvoir tentait de réduire le champ des libertés et le rôle des juges, ce n’était pas sans risque pour lui. 

Tout a changé. Notre société d’abord, en demande constante de protection et de sécurité. Notre environnement technologique ensuite. C’est le point central. Avec Internet, la téléphonie moderne et les réseaux sociaux, les citoyens sont devenus les acteurs de leur propre surveillance. Les populations deviennent d’immenses flux scannés et filtrés de manière permanente. Nos messages, nos mails, nos appels, nos goûts, nos envies, nos désirs, nos obsessions peuvent être happés, analysés, utilisés. Nous y consentons passivement et activement ! Notre nouvel horizon n’est plus celui de la liberté. C’est une révolution sans précédent depuis le Siècle des lumières. 

Seuls des juristes et quelques militants mesurent l’ampleur du bouleversement en cours. Mais leurs arguments se heurtent à la violente aspiration sécuritaire collective. Et personne ne songe à plaindre des égarés en quête du martyre.

Sécurité, j’écris ton nom… 

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