Vivons-nous désormais dans une société structurellement sécuritaire ?

Oui, le politique fonde aujourd’hui sa légitimité sur une offre sécuritaire. La sécurité, c’est ce qui est promis politiquement lorsque d’autres idéaux plus traditionnels, notamment en matière de justice, finissent par être négligés ou abandonnés. Au fond, la sécurité apparaît comme un idéal non questionné, comme quelque chose qui dans son évidence même est promis aux citoyens. Sur le fond, je ne dirais pas que le sécuritaire est une mauvaise réponse à un faux problème. C’est plutôt une mauvaise réponse à un véritable problème qui tient à la nature des formes de la violence contemporaine. Nous vivons dans une société sécuritaire où, à bien des égards, les libertés formelles n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

Vous ne qualifieriez donc pas cette nouvelle offre politique de « despotisme doux », pour reprendre l’expression de Tocqueville ? 

Il y a quelque chose d’inadéquat dans l’opposition que l’on fait toujours entre la sécurité et les libertés. Dans le modèle sécuritaire, on constate tout de même qu’il existe une figure de la liberté valorisée, même si c’est au détriment des autres. C’est la liberté d’entreprendre, la liberté de l’agent économique. Les libertés classiques sont aujourd’hui les grandes perdantes. Dès lors que la liberté économique est garantie, on se soucie beaucoup moins des libertés juridiques qui sont au fondement du libéralisme. Elles sont remises en cause parce que la confiance dans les autorités publiques, dans l’État, comme garant de la sécurité atteint actuellement un degré de naïveté invraisemblable.

La demande sécuritaire est telle que l’État tente d’y répondre. Et l’opinion est dans une quête permanente de garanties supplémentaires, comme le montre la dernière loi sur le terrorisme.

Quelle est la nouveauté du modèle sécuritaire actuel ?

Quand on observe le dispositif de sécurité à l’œuvre, on découvre derrière

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