CHÈRE MÉMÉ,

Tu t’étonnes que je ne sois pas devenu ton ami sur Facebook. Je n’ai pas répondu à ton invitation pour la simple raison que je viens de clôturer mon compte. Je m’en vais au moment où tu arrives… Désolé, mais j’en avais marre de recevoir des nouvelles insipides de personnes que je connaissais à peine, qui racontaient leurs vacances ou exhibaient leur nouvelle coiffure et collectionnaient les « likes ». Ce n’est plus la plateforme, son espace public, qui m’intéresse, mais la messagerie privée de Zuckerberg : par WhatsApp, je communique avec des groupes restreints. Il s’agit de petites communautés amicales ou professionnelles, des sortes d’oasis en ligne. On appelle ça le Cozy Web, ou le Web pyjama : un lieu d’échange intime, agréable, douillet, un cocon à l’abri des annonceurs, complotistes, arnaqueurs et emmerdeurs en tous genres. Pour le moment, du moins, car il n’est pas exclu que ces espaces conviviaux, sécurisés et chiffrés, soient pénétrés tôt ou tard par des marchands de soupe…

Tu me fais part, chère Mémé, de ton ambition de devenir influenceuse. Pourquoi pas ? Il paraît que des dames aussi âgées que toi cartonnent sur Facebook, TikTok ou Instagram. Ce sont, dit-on, de vraies stars, avec un nombre d’abonnés à faire pâlir les vedettes du showbiz. Des entreprises de prêt-à-porter ou des fabricants de produits cosmétiques leur font des ponts d’or en partant du principe que « old is gold ». Toi, si j’ai bien compris, ton objectif est de promouvoir la tombola annuelle de ta paroisse, avec la bénédiction du curé. Tu peux compter sur moi, Mémé : sans être ton ami, j’achèterai certainement un billet. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !