Les débats qui ont déchiré les familles suisses dans les années soixante-dix, celles où les femmes obtenaient enfin le droit de vote par référendum, restent mon premier très lointain souvenir politique. J’étais toute gamine et je n’en garde que des bribes : des disputes à la récréation et des agacements aux dîners dominicaux chez mes grands-parents. Il m’a fallu attendre l’année dernière, et une projection du film de Petra Volpe, Les Conquérantes, pour découvrir émue ce qui se vivait alors dans les rues de Genève ou Zurich : des manifestations d’anachroniques suffragettes en pantalons pattes d’éph’ hurlant des slogans à la tête des badauds masculins. L’héroïne du film, une jeune ménagère amoureuse de son homme au fin fond de la très profonde Appenzell, se laisse convaincre de l’utilité de se joindre aux cortèges. C’est parce que des gens se sont battus, argumente une manifestante, qu’a lieu cette votation qui va peut-être enfin changer les choses. 

Difficile de décrire la réaction qu’a provoquée en moi cette injonction &agrav

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