Pourquoi reste-t-il le favori ?
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Dans le dernier baromètre Ipsos-Le Point de fin mars, c’est moins d’un Français sur deux (47 %) qui porte un jugement favorable sur l’action d’Emmanuel Macron comme président de la République. Certes, le président sortant est moins impopulaire que ne l’étaient à la même période François Hollande et Nicolas Sarkozy. Mais, le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron ne suscite pas une adhésion majoritaire. Son parti, La République en marche, a été étrillé lors de chacune des dernières élections locales. L’homme a fait l’objet d’un profond rejet au cours du mouvement des Gilets jaunes de 2018-2019, qui a fait trembler l’édifice présidentiel. Sous la Ve République, mis à part en périodes de cohabitation, jamais aucun président sortant candidat à sa succession n’a été réélu. Et pourtant, en dépit de tous ces indicateurs de mauvais présage, le jeune président-candidat est régulièrement annoncé comme devant être réélu.
L’invasion de la Russie en Ukraine, le 24 février, a propulsé le président français, devenu président de l’Union européenne, en « chef de guerre »
Pourquoi cette étonnante issue ? En 2022 comme en 2017, Emmanuel Macron a de la chance : celle que les Anciens appelaient le kairos, le temps du moment opportun, des circonstances favorables, que l’individu habile sait exploiter… Souvenons-nous : il y a quelques mois, l’extrême droite éclatait, la droite de gouvernement s’était remise en ordre de bataille, Emmanuel Macron voyait son opposante favorite affaiblie et naître à sa droite une alternative crédible de gouvernement. En quelques semaines tout a changé : l’invasion de la Russie en Ukraine, le 24 février, a propulsé le président français, devenu président de l’Union européenne, en « chef de guerre » et en rempart de la défense des démocraties. Il s’était déjà essayé au genre dans la lutte contre le Covid-19, présentée, le 16 mars 2020, comme une « guerre ». La posture était alors quelque peu surjouée. Avec la guerre – la vraie – et les morts à 2 000 kilomètres de nos frontières, elle ne l’est plus, et l’effet de « rassemblement autour du drapeau » peut jouer pleinement. Aucun de ses challengers ne peut être aussi crédible sur ce terrain. Regardons déjà comment, le 3 avril, cet « effet drapeau » est intervenu massivement dans les réélections triomphales de Viktor Orbán en Hongrie et d’Aleksandar Vučić en Serbie. Une opinion inquiète ne change pas de capitaine de navire quand la mer enfle. Enfin, cette opportunité des temps a permis à Emmanuel Macron de cacher ses faiblesses.
On sait le président perçu comme distant des gens d’en bas, et parfois arrogant.
En revanche, et c’est une constante depuis son élection en 2017, il est largement crédité d’une capacité à « bien représenter la France sur la scène internationale ». La guerre en Ukraine a mis tous les feux sur cette dernière image et a recouvert d’un voile pudique la faible fibre sociale du président. Cet effet d’optique est d’autant plus important que les électeurs privilégient la thématique du pouvoir d’achat comme enjeu déterminant de leur choix à l’élection présidentielle. Début avril, pour 55 % des personnes interrogées par l’institut Elabe, c’est de loin la première motivation de vote. Sur cette question du relèvement des salaires et du pouvoir d’achat, le président-candidat n’est pas considéré comme le plus crédible.
Aussi, le « favori » doit-il se méfier que l’activation sans retenue de sa part du clivage entre le camp des « progressistes » et celui des « nationalistes » ne tourne pas en faveur de ces derniers, jugés plus proches des préoccupations des gens de peu et plus sensibles à la protection sociale et nationale.
« Se poser en sauveur de la république ne suffira pas »
Vincent Martigny
Pour le politiste et chroniqueur du 1 hebdo Vincent Martigny, le président de la République ne doit pas sous-estimer le défi que représente cette élection.
[Contre]
Robert Solé
Voter contre, est-ce contrer le jeu démocratique ? Quel choix feront ceux qui sont toujours contre tout, envers et contre tous ?
Pourquoi reste-t-il le favori ?
Pascal Perrineau
Pascal Perrineau, ancien directeur du Cevipof, évoque les atouts dont dispose le président-candidat pour remporter le second tour.