Sueurs froides
Temps de lecture : 2 minutes
« La démocratie est-elle fragile et facile à détruire, ou bien est-elle au contraire flexible et résistante ? » Cette question nous est posée par Margaret Atwood, celle-là même qui, dans La Servante écarlate, avait imaginé le renversement des institutions américaines par un pouvoir fasciste et religieux. Dans un manifeste magistral, publié à l’orée de la course électorale, la grande romancière canadienne met en lumière les deux tentations contraires qui guettent nos sociétés aujourd’hui, le totalitarisme et le chaos, deux tentations qui mènent tout droit à la dictature et à l’élimination de toute contestation. Avant de prophétiser un tableau des plus inquiétants : « L’extrême droite a déjà un plan pour faire de Donald Trump un dictateur à vie, qui prévoit des purges généralisées et le placement sous le contrôle direct du président de toutes les branches du gouvernement. »
Reste à savoir dans quel monde nous ouvrirons les yeux au lendemain du 5 novembre
L’avenir lui donnera-t-il raison ? La dernière ligne droite avant le scrutin du 5 novembre nourrit en tout cas une atmosphère de cauchemar. Comme en 2016 et en 2020, Donald Trump opère une remontée notable dans les sondages, faisant couler des sueurs froides dans les rangs démocrates. Peut-il l’emporter en faisant tomber le « mur bleu », raflant des États clés comme la Pennsylvanie ou le Michigan ? Et même s’il était à nouveau battu dans les urnes, ne clamerait-il pas victoire, comme le lui a appris son mentor Roy Cohn ? Longtemps placés sous le signe de la joie et de l’enthousiasme, les discours de Kamala Harris se teintent désormais d’une angoisse assumée, celle de voir un « fasciste » s’emparer de la Maison-Blanche – un terme qui prend une coloration nouvelle après les déclarations de l’ancien chef de cabinet de Trump, le général John Kelly, qui a rappelé son « approche dictatoriale » et sa fascination pour la loyauté des généraux d’Hitler…
À quelques jours d’une élection historique, qui pourrait engager le destin de l’Amérique en même temps que celui d’une partie de la planète, ce numéro du 1 hebdo vous livre les clés du scrutin. Dans Ulysse, James Joyce écrivait que l’histoire est un cauchemar dont on cherche à s’éveiller. Reste à savoir dans quel monde nous ouvrirons les yeux au lendemain du 5 novembre : celui d’une ère nouvelle, tournant définitivement le dos au trumpisme ; ou bien celui d’un retour au chaos et à violence, dans une nuit d’horreur sans aube en vue.
« La démocratie nous est naturelle, elle est ce que nous sommes »
Thomas Frank
« Si la droite a réussi à se régénérer, ce n’est pas à cause de l’ascension d’Obama, c’est au contraire à cause de son échec. » Le journaliste et historien américain Thomas Frank analyse les enjeux et les risques des prochaines élections américaines, ainsi que les sources du sentiment d’effondrem…
[No limit]
Robert Solé
« MOI, Donald J. Trump, je n’ai plus aucune limite. En public, je me lâche avec une jouissance grandissante, et ça paye sacrément ! » Le mot de Robert Solé.
Moyen-Orient, Ukraine, Chine : comment les relations internationales pèsent sur le scrutin
Laurence Nardon
« Du côté démocrate, la question [de la guerre à Gaza et au Liban] est beaucoup plus embarrassante : au contraire de Trump, Kamala Harris a un électorat totalement coupé en deux sur cette question. » La politiste Laurence Nardon revient sur cet enjeu, tout en soulignant que, peu importe l’issue d…