Nous étions à deux pas de la berge. Avant de glisser sur le talus, je regardai en arrière. Personne. Les faisceaux lumineux se baladaient encore du côté des tentes. Le temps de me retourner et je butai sur Lucho pour atterrir en contrebas, sur la plage de sable fin où nous allions tous les jours faire notre toilette. Il ne pleuvait presque plus. Notre bruit ne serait plus couvert par l’averse. Sans réfléchir une seconde de plus, nous nous jetâmes dans l’eau comme du bétail pris de panique. J’essayai de garder le contrôle de mes mouvements, mais très vite je fus happée par le courant.

– Il faut traverser, vite, vite !

Lucho semblait partir à la dérive, entraîné vers le segment de rivière qui desservait le cantonnement d’Enrique. Je nageais d’un bras, en tenant Lucho par les bretelles de son sac à dos de l’autre. Nous étions emportés par plus puissant que nous, tétanisés de peur, et cherchions, tout au plus, à ne pas nous noyer.

Le courant nous aida. Nous fûmes aspirés sur la gauche, dans l’autre bras de l’affluent, vers une courbe où l’eau prenait de la vitesse. Je perdis de vue les tentes de la guérilla et eus, un instant, la sensation que c’&eacu

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