Est-ce un temps si ancien ? La France reprenait sa respiration. L’extrême droite croupissait dans les prisons. La droite n’était plus chez elle, comme aux abonnés absents. Jean d’Ormesson, alors élève à l’École normale, était séduit par l’Union des étudiants communistes. Et le jeune Chirac vendait L’Huma Dimanche sur la place Saint-Sulpice. Gaullistes, communistes et socialistes se partageaient les rôles. L’Université et la plupart des intellectuels s’exprimaient en patois marxiste. C’était encore un temps déraisonnable…

Et puis la droite s’est reprise, camouflée dans l’ombre du Général, officiant dans les veillées démocrates-chrétiennes du MRP, dispersée sous la bannière du Centre national des indépendants et paysans. Durant plus de trente ans, dire « Je suis de droite » était tout simplement impensable dans la plupart des milieux. On pouvait l’être, mais en silence. « Entre les communistes et nous, il n’y a rien », avait lancé André Malraux. La grande geste gaullienne gommait tout. Un pressing gratuit, presque obligatoire… 

Il aura bien fallu la silhouette fluette d’Antoine Pinay (1891-1994), aujourd’hui oublié, celle bonhomme de Pompidou pour sortir la droite de la naphtaline. Puis la jeunesse de VGE pour lui donner une espérance, le centrisme de Chirac pour l’imposer. Dans les années 2000, après un demi-siècle d’analyse, le tabou était levé. La fin des complexes aussi… 

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