« La souffrance nous poursuit ou nous précède », a écrit Adam Zagajewski, mort en mars 2021. Trouvant le sublime au cœur du quotidien, le poète polonais sut chanter la vie des hommes pris au piège de l’histoire. Il ne croyait pas au bonheur, mais à la possibilité de la joie.
Nous avons fait de nouvelles expériences –
joie, amertume de la défaite, tristesse,
regain d’espoir –
de nouvelles expériences qu’on retrouvera
peut-être aussi dans des mémoires datant
du dix-neuvième siècle.
Qu’ont-elles donc de nouveau ?
L’amitié ? La tendresse ?
Les liens entre les gens ?
Le courage libéré pour un instant puis
renroulé comme une bannière.
Un battement de cœur ? Cet instant, au petit matin,
où il nous semblait
être vraiment ensemble, délivrés non seulement
de la peur, mais de la séparation ?
Le son des cloches d’église, léger
et pur comme le chant de la libellule ?
Survivre à l’émiettement ? À la connaissance ?
Aux points d’interrogation ?
Poème traduit par Alice-Catherine Carls, publié par la revue en ligne Recours au poème en septembre 2021 et tiré du recueil Ziemia ognista (Terre de feu, 1994)
© Recours au poème