– Et ce naufrage en Méditerranée...

– Ne m’en parle pas. C’est un scandale, une abomination ! Laisser mourir comme ça, des hommes, des femmes, des enfants… Nos dirigeants devraient avoir honte.

– Mais que faire de tous ces gens, de plus en plus nombreux, qui sont prêts à prendre les pires risques pour venir en Europe ?

– Les accueillir, bon sang ! Les accueillir. Un pays comme le nôtre en a largement les moyens.

– J’ai entendu dire que des familles françaises hébergent des rescapés de naufrages précédents. Elles ont du mérite, même si ce ne peut être qu’une solution provisoire… À propos, vous avez toujours votre résidence secondaire en Normandie ?

Et vos vacances d’été ? Elles se préparent ?

– Ne m’en parle pas : nous sommes en pleins travaux. Deux granges de 100 mètres carrés à aménager. Tu imagines le tableau… Mais nous parlions de ce terrible naufrage. As-tu vu ce qu’a osé dire Marine Le Pen ? Que les ONG étaient complices des passeurs ! Ce qui m’inquiète, c’est la lepénisation des esprits.

– Moi, je m’inquiète surtout de l’absence de solution. S’ils survivent à la traversée, la plupart de ces boat people ne sont pas éligibles au statut de réfugié. Or, il est humainement difficile de les expulser, et d’ailleurs le plus souvent matériellement impossible de le faire. Comment les dissuader de partir de chez eux ?

– En apportant une aide économique massive à leurs pays respectifs.

– Oui, bien sûr, il faut le faire, et le faire toujours davantage. En empêchant aussi les dirigeants locaux de s’en mettre plein les poches au passage, et d’ailleurs en remplaçant ces autocrates corrompus par de vrais démocrates. Nous sommes d’accord… Et vos vacances d’été ? Elles se préparent ? Bretagne ? Vendée ?

– Ah non. Moi, je suis Méditerranée. C’est sacré. 

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