Harcèlement sexuel au travail : la parole des victimes commence à se libérer
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Audrey, 41 ans, croyait être une femme forte et débrouillarde. À l’automne 2012, elle est recrutée en CDI comme conductrice de bus dans une entreprise de transport. Elle est motivée par son métier pour lequel elle a déboursé 800 euros afin d’obtenir le sésame professionnel, le permis D. Lasse, cette femme affable, au physique athlétique, se roule une cigarette, boit un verre de limonade, et reprend le déroulement des événements, assise dans son salon.
Pendant six mois, Audrey a été victime de harcèlement sexuel de la part du feuilliste, le cadre chargé d’établir les emplois du temps des machinistes. Depuis juin 2013, le procès engagé avec son employeur lui a coûté neuf mois d’arrêt maladie, une tentative de licenciement et trois années sous antidépresseurs. En 2016, elle reste salariée de la même entreprise mais elle a perdu le poste qu’elle aimait.
Afin d’être présente à la sortie des classes de ses deux enfants, qu’Audrey élève seule, elle préfère rouler de nuit, au calme. À sa demande, le feuilliste accepte de la placer sur des créneaux nocturnes, entre 18 heures et 1 heure, parfois six jours de suite. Peu à peu ses gestes et ses remarques dérapent. « Tu sens bon, tu as un beau derrière, tu as la peau douce », lui fait-il remarquer, parfois en public, alors qu’il agrippe la main qu’elle lui tend pour le saluer et l’attire à lui pour lui faire la bise. Avec le temps, sa main caresse l’épaule d’Audrey puis descend le long de son bras. « J’étais gênée, reconnaît-elle, mais je lui étais redevable de m’avoir accordé des horaires de nuit. »
En février 2013, dans son bureau, le feuilliste propose une première fois à Audrey d’avoir des relations sexuelles avec elle. Elle refuse net. Il renouvelle sa proposition en l’appelant sur son portable lors d’une matinée de repos. « Il voulait s’inviter chez moi, je me suis énervée. Je lui ai dit : je ne suis pas une pute, je ne vis pas dans un bordel ! »
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