S’il fallait ne retenir qu’une image ? Probablement Nadia Comăneci à Montréal en 1976. À tout juste 14 ans, elle vient de se jouer des barres asymétriques et d’obtenir le premier 10 de l’histoire olympique. Bref sourire incrédule. Le résultat est tellement inattendu, le tableau s’emmêle dans les virgules et affiche 1.00. Le génie a débordé l’électronique.

La magie olympique est éternelle. Elle offre aux champions le plus beau des théâtres, aux amoureux de sport des souvenirs inoubliables : Abebe Bikila, le berger éthiopien aux pieds nus ; les sauts miraculeux de Beamon et Fosbury ; les foulées magiques de Lewis, Bolt et Pérec. Et Mark Spitz, Laura Flessel, Teddy Riner… Comment imaginer une vie sans JO, sans Tour de France, sans Coupe du monde de foot ?

Il y a pourtant un souci. Les événements planétaires accumulent dérapages budgétaires et empreinte carbone désastreuse. Il devient difficile de trouver des candidatures à l’organisation des JO, les opinions publiques les plébiscitent à la télé, pas à domicile. Peut-on continuer à rassembler des millions de personnes au prix de l’émission de millions de tonnes de CO2 ? Des bornes ont été franchies avec la Coupe du monde climatisée au Qatar et la perspective de Jeux asiatiques d’hiver en Arabie saoudite qui voit tomber la neige une fois par siècle.

La flamme olympique peut-elle brûler en toute sobriété ? 

C’est dans ce contexte que Paris a décidé d’organiser les Jeux « les plus écolos et sociaux de l’histoire », dixit la ministre Amélie Oudéa-Castéra, qui cumule désormais les Sports et l’Éducation nationale. Grâce à la limitation des constructions nouvelles, ils devraient être les moins dépensiers depuis vingt ans et l’addition en CO2 pourrait être divisée par deux. Mais concentrer 21 sports sur 32 dans Paris intra-muros, l’une des capitales les plus petites et les plus denses au monde, fait craindre un grand embouteillage. Le défi sécuritaire ne sera pas moindre, à la mesure de la première cérémonie d’ouverture en milieu ouvert, un défilé de milliers d’athlètes sur la Seine – superproduction à la sauce Netflix censée en mettre plein la vue à 4 milliards de téléspectateurs.

Reste à espérer que les Olympics in Paris ne seront pas percutés par la fureur du monde, qu’aucun groupe terroriste ne s’invitera à la fête dont le plateau promet d’être somptueux : côté français, le nageur Léon Marchand, la judoka Clarisse Agbegnenou, le rugbyman Antoine Dupont et pourquoi pas Kylian Mbappé et Victor Wembanyama. Une fois ces Jeux olympiques et paralympiques refermés, on pourra dresser un bilan de ce début de cure de minceur. La flamme olympique peut-elle brûler en toute sobriété ? Les JO peuvent-ils se réformer plutôt que de risquer d’être supprimés ? Le débat ne fait que commencer. 

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