C’est une question qui se décline à l’infini. À quoi sert-il de travailler ? Le travail a-t-il un sens, et donne-t-il un sens à nos vies ? Le travail nous rend-il heureux (ou malheureux s’il est pénible, débilitant, contraint, non choisi) ? Notre avenir est-il dans le travail, dans moins de travail ? Ou le travail est-il sans avenir parce que l’intelligence artificielle, l’automatisation ou le revenu universel viendront demain le vider de sa substance ? Au point, comme l’estimait Keynes, qu’il suffirait de travailler trois heures par semaine pour subvenir à nos besoins, le reste appartenant au temps dit libre, à une liberté que chacun pourrait occuper selon ses goûts ou ses envies.

Chaque question contient en creux sa réponse, ou une tentative de se projeter dans le futur du travail. Dans une partie de l’Europe, aux États-Unis et aussi en Chine, nous dit Jacques Attali, faute de croissance, bien des jeunes ne voient plus l’intérêt de travailler dur ni de travailler tout court, constituant une génération dite « génération canapé » – ou Génération farniente, pour reprendre le titre du livre de Pascal Perri –, peu encline aussi à procréer, et dont l’obésité trahirait en réalité un refus de l’ordre des choses. De son côté, l’écrivain et essayiste Gaspard Koenig, auteur du roman Humus aux éditions de l’Observatoire, reprend à travers ses personnages l’opposition forgée par Hannah Arendt entre le travail – réduit au minimum pour subvenir à ses besoins – et l’œuvre – qui consiste à « produire quelque chose dont nous sommes l’auteur et qui nous satisfait ». « On n’est pas obligé, poursuit l’auteur, même si on y est incité, d’être un hamster dans la roue de la productivité et de la rentabilité. On peut prendre des voies de traverse, surtout lorsqu’on peut être aidé par un dispositif comme le RSA. »

Toutes ces questions seront évoquées ce week-end à Brive dans le cadre du cycle de conférences « Temps présent » : « Entre ceux qui furent bercés par le “travaillez, prenez de la peine” et ceux pour qui il est une véritable aliénation, le mot “travail” ne recouvre pas la même réalité », note justement François David, commissaire de la Foire du livre et artisan de ces rencontres. Maintenant, c’est à vous de déplier les riches idées rassemblées dans cette feuille pliée. Au travail ! 

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