[Présentéisme]
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L'absentéisme au travail, c’est l’entreprise buissonnière. Son pendant, le présentéisme, a longtemps été, si l’on peut dire, au chômage : personne n’employait ce terme pour désigner le fait d’être présent. Mais le mot connaît une nouvelle vie depuis le tournant des années 1990 : dans la littérature managériale, on définit ainsi la tendance de certains cadres à faire des heures supplémentaires sans être payés, à rester tard le soir au bureau, même s’ils sont fatigués, par ambition, amour du travail ou désir de montrer leur dévouement à l’entreprise et d’être bien vus du patron.
La France est, paraît-il, particulièrement atteinte par cet excès de zèle, qui fait de gros dégâts humains au Japon, alors que les pays d’Europe du Nord le condamnent fermement. Toutes les enquêtes soulignent en effet que l’allongement des journées de travail est, non seulement mauvais pour la santé, mais improductif.
Le télétravail, en plein essor, porte un grand coup à la culture du présentéisme. On s’aperçoit qu’on peut être très efficace de chez soi et gérer des équipes à distance. Encore faut-il savoir se déconnecter. Or, le désir de montrer à ses collègues qu’on ne se tourne pas les pouces incite les plus consciencieux ou les plus anxieux à être continuellement sur la brèche, toujours prêts à répondre à un message ou un appel. Même en pyjama, on pianote sur son clavier. Il n’y a plus de frontière entre vie professionnelle et vie privée. Pour les plus atteints, métro-boulot-dodo se transforme en boulot-dodo. Le télétravail devient du surtravail. La nouvelle maladie salariale sera-t-elle le présentéisme à distance ?
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